Concurrence : les géants de la tech se plient aux nouvelles règles de l’UE
Les géants des technologies comme Apple, Google ou Meta ont jusqu’au 7 mars pour se conformer aux nouvelles règles draconiennes de l’UE contre leurs pratiques anticoncurrentielles, mais ils ont déjà annoncé des changements qui devraient profiter aux consommateurs.
Après des années de procédures interminables — et souvent vaines — pour tenter de mettre fin aux abus de position dominante des mastodontes du secteur, l’Union européenne s’est dotée d’un arsenal inédit. Le règlement sur les marchés numériques (DMA) doit combler les lacunes des règles traditionnelles de concurrence en imposant une série d’obligations et d’interdictions à des groupes devenus incontournables tant ils dominent leur marché. Appelés « contrôleurs d’accès », ils ont été désignés début septembre par la Commission européenne : cinq géants américains — Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft — ainsi que le chinois ByteDance, propriétaire de TikTok.
Le DMA vise 22 plateformes appartenant à ces géants, dont Amazon Marketplace, l’App Store d’Apple, Facebook, Instagram ou encore le navigateur Chrome de Google. « Il s’agit vraiment d’une intervention massive sur des marchés qui affectent la vie quotidienne des gens. L’objectif est d’ouvrir ces plateformes afin de permettre la concurrence », a déclaré à Fiona Scott Morton, experte du groupe de réflexion Bruegel. Depuis le début de l’année, les groupes concernés multiplient les annonces pour se conformer aux règles. « Nous obtiendrons assez rapidement certains des avantages » espérés, prédit Fiona Scott Morton.
Apple a ainsi annoncé à contrecœur en janvier qu’il autoriserait pour la première fois des boutiques concurrentes de son App Store sur les iPhone. Les utilisateurs européens de Google voient apparaître des bannières leur demandant s’ils souhaitent autoriser le transfert de leurs données personnelles entre les différents services du groupe, tels la plateforme de vidéos YouTube et le navigateur Chrome. Afin de remettre en cause la domination du moteur de recherche Google, des alternatives doivent être proposées aux consommateurs avec l’ouverture d’un menu automatique pour paramétrer leur application par défaut.
Même chose pour les navigateurs. Google a promis de remanier ses pages de résultats des recherches en ligne, pour mettre mieux en valeur des liens vers des sites concurrents de comparaison de prix. Microsoft a annoncé qu’il permettrait aux utilisateurs européens de son système d’exploitation Windows de désinstaller son navigateur Edge. Les géants du numérique devront obtenir le consentement des utilisateurs quand ils souhaiteront croiser des données collectées à travers des services différents pour les profiler à des fins de ciblage publicitaire.
Meta a déclaré le mois dernier qu’il permettrait aux utilisateurs européens de créer des comptes distincts pour la messagerie instantanée Messenger et le réseau social Facebook s’ils veulent éviter que les deux soient liés. Il sera également possible d’accéder à Facebook Marketplace et à Facebook Gaming sans que soient utilisées les informations du compte principal. Bien qu’ils se préparent à respecter la nouvelle législation, Apple, Meta et TikTok ont entamé des procédures pour la contester devant la justice européenne.
À partir du 7 mars, la Commission européenne évaluera les propositions des entreprises.
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