Décès de Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur
Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur devenu l’Obs et grande figure de la gauche et du journalisme, est décédé à l’âge de 99 ans. Les hommages se sont multipliés, y compris de la part de certains qui ne partageaient pas toutes ses idées. «Il est décédé mercredi soir à l’âge de 99 ans après une longue vie de passion, d’engagement et de création», a indiqué L’Obs.
Grande conscience de gauche, Jean Daniel avait fondé en 1964 avec Claude Perdriel Le Nouvel Observateur, dont il a été le directeur de la publication jusqu’en 2008.
«Le plus prestigieux journaliste français s’est éteint. Il fut à la fois un témoin, un acteur et une conscience de ce monde», écrit encore l’hebdomadaire.
De nombreuses figures du journalisme français ont salué sa mémoire sur Twitter.
«Bouleversé: des générations lui doivent tout, il nous a inspiré: un exemple et l’honneur d’un journalisme exigeant», a ainsi réagi Jean-Pierre Elkabbach.
«Par sa plume, sa culture, sa constance dans ses engagements, son courage physique et moral, il a été une conscience et un modèle pour ma génération», a souligné Anne Sinclair.
L’hebdomadaire Le Point a salué un «grand nom de la presse française».
«On s’est parfois moqués, moi le premier, mais tout de même, quelle biographie!», a aussi salué Daniel Schneiderman.
Pour Robert Ménard, maire de Béziers et ancien secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) jusqu’en 2008, «on peut ne pas partager ses idées mais reconnaître son talent. Il a marqué l’histoire de notre profession».
– Soutien aux féministes –
Né le 21 juillet 1920 à Blida, en Algérie, Jean Daniel, né Bensaïd, combat dans les rangs de la division Leclerc. Après-guerre, il étudie la philosophie à la Sorbonne puis entre en 1946 au cabinet de Félix Gouin, président du Gouvernement provisoire. Se situant déjà dans le courant de la gauche non communiste, il fonde, en 1947, Caliban, une revue culturelle.
Au milieu des années 50, Jean-Jacques Servan-Schreiber l’engage à L’Express où il couvre la guerre d’Algérie. Il y reste huit ans, en devient le rédacteur en chef. Menacé de mort, inculpé pour atteinte à la sûreté de l’état, il défend l’indépendance algérienne.
En 1961, envoyé spécial en Tunisie, il est sérieusement blessé à Bizerte par des tirs de l’armée française.
Deux ans plus tard, c’est à Cuba, en plein entretien avec Fidel Castro, qu’il apprend la mort de John F. Kennedy, avec lequel il vient d’avoir un entretien.
Il a été l’ami d’Albert Camus, de Pierre Mendès-France, Michel Foucault ou encore François Mitterrand.
Après un bref passage au Monde, il reprend en 1964 avec l’industriel Claude Perdriel «France Observateur» qui devient «Le Nouvel Observateur». Participant à tous les grands débats de l’époque, le magazine défend l’anticolonialisme, publie en une le manifeste des «343 salopes» pour l’avortement, soutient Mendès-France, Rocard puis Mitterrand, polémique avec le Parti communiste.
Alice Coffin, du groupe activiste féministe La Barbe, a salué la mémoire de Jean Daniel en postant ce souvenir sur Twitter: «On a fait plusieurs actions de La Barbe contre des événements 100% masculins organisés par l’Obs. A la fin de l’une d’elles, où certains rédac’ chefs nous avaient gratifiées de commentaires assez violents, j’ai croisé Jean Daniel. Lui, a dit +Vous avez complètement raison+. Je n’ai aucun souvenir en des dizaines d’actions d’un autre patron de l’entreprise que nous visions par notre action qui ait dit cela aussi spontanément après l’action.»
(Avec AFP)
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