French je-ne-sais-quoi
Voici l’édito du dimanche 6 octobre 2024.
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J’ai toujours aimé les marchands de journaux. Ça a dû commencer quand j’achetais Spirou avant de découvrir l’Auto-Journal ou Sport Auto. Mais au-delà des titres, c’est la diversité des couleurs, des formats, des logos et l’odeur du papier des librairies qui m’attirent toujours autant aujourd’hui. Alors en poste à Boulogne Billancourt à l’époque où cette ville comptait encore plus de marchands de journaux que de barbiers, je passais régulièrement devant la vitrine de l’un d’entre eux. Les magazines y étaient disposés avec un soin si particulier qu’il m’était impossible de ne pas y jeter un coup d’œil. Or, il advint un jour, ou plutôt une nuit d’août 1997, que la princesse de Galles périsse dans un accident de voiture resté célèbre. Dans la semaine qui suivit, toute la presse fit naturellement sa Une avec Lady Diana. Avec son sens de la mise en scène, la librairie boulonnaise mit en vitrine toutes les couvertures illustrées d’un seul et même visage. Presse people, télévision, newsmagazines, éditions spéciales et autres, il n’y en avait que pour Lady Di. Dans cette profusion, une seule couverture accrochait véritablement l’œil – le mien en tout cas -, celle de Paris Match. Était-ce la photo, la maquette, autre chose ? Je ne saurais le dire. Mais il y avait une touche de classe qu’aucun autre titre n’égalait. J’ai toujours pensé que c’était ça Paris Match, un je-ne-sais-quoi de différent, d’élégant. J’ai eu la chance de rencontrer et d’interviewer quelques-uns de ses directeurs, dont l’immense et intimidant Roger Thérond, mais en dépit de mes questions, je n’ai jamais su quelle était la recette secrète. D’où une admiration et un respect pour ce titre unique en son genre
Luxe journalistique
Et pourtant, je dois l’avouer, je n’ai jamais lu Paris Match. Enfin, pas vraiment. Je l’ai reçu en service de presse pendant de longues années et chaque semaine je le feuilletais, avant de me le faire piquer par un ou une collègue. En réalité, je lisais la titraille frisant parfois le génie, les relances parfaites et les légendes accrocheuses. Mais les longs papiers, les reportages de fonds et même les interviews me passaient sous les yeux sans que je ne m’y arrête vraiment. Le choc des photos était trop fort pour que j’apprécie le poids des mots. C’est d’ailleurs une injustice envers les générations de journalistes qui ont formé cette rédaction. Débutant dans le métier, un confrère qui avait de la bouteille m’avait fait remarquer que dans un voyage de presse, tu reconnaissais tout de suite le reporter de Paris Match. Et c’est vrai, même si je suis, là encore, incapable de discerner pourquoi. Peut-être sont-ce tout simplement les derniers représentants d’une grande presse magazine qui n’existe plus. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont été malmenés ces dernières années. Puissent-ils, maintenant qu’ils font partie d’une Maison à part entière du groupe LVMH, nous éblouir à nouveau de leur subtile différence. Le vrai luxe journalistique.
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