Jean-Paul Baudecroux (NRJ) : « Priver les jeunes de NRJ12, c’est les pousser vers les réseaux sociaux »
La décision de l’Arcom de ne pas reconduire les fréquences TNT de NRJ12 et C8 en 2025 continue de créer des remous. Alors que les deux groupes ont déposé des recours devant le Conseil d’Etat, le fondateur du groupe NRJ Jean-Paul Baudecroux, plutôt discret habituellement, prend la parole dans Le Figaro. Pour lui, cette décision « incompréhensible et injuste », d’autant plus que NRJ12, chaîne destinée aux 15-34 ans, est l’une des rares à toucher ce public stratégique, essentiel pour l’avenir de la télévision.
Pour lui, priver NRJ12 de sa fréquence, c’est risquer de « pousser les jeunes vers l’univers dérégulé et les excès des réseaux sociaux ». En effet, NRJ12 s’est positionnée, selon lui, comme une chaîne offrant un divertissement positif et régulé, en phase avec les attentes des jeunes adultes. Ce public est crucial pour l’avenir des médias linéaires, face à la concurrence croissante des plateformes de streaming et des réseaux sociaux.
L’Arcom aurait reproché à NRJ12 ses faibles performances d’audience et la fréquence élevée de ses rediffusions. Jean-Paul Baudecroux réfute ces critiques, expliquant que son groupe avait pris des engagements clairs lors de son audition devant le régulateur, notamment en matière de nouveaux programmes. « J’étais prêt à casser ma tirelire », confie-t-il au quotidien, soulignant que NRJ12 était bénéficiaire après 20 ans d’existence, avec une capacité avérée à attirer une audience fidèle.
Des conséquences sur le marché publicitaire
Au-delà de la perte de fréquence, Jean-Paul Baudecroux s’inquiète des répercussions pour l’équilibre du marché publicitaire. NRJ12 et C8 cumulent environ 4 % de part d’audience, une part qui pourrait disparaître si les deux chaînes ne sont pas remplacées par des projets capables d’attirer le même public. Selon lui, cette situation pourrait profiter aux deux plus grands groupes TV qui, avec leurs dix chaînes déjà présentes sur la TNT, absorberaient une grande partie de cette audience. Cette concentration pourrait entraîner une hausse des prix des espaces publicitaires, au détriment des annonceurs.
Vers une réorganisation du groupe NRJ ?
Face à cette décision, Jean-Paul Baudecroux envisage des mesures drastiques. Le groupe NRJ pourrait être contraint de vendre Chérie 25, sa seconde chaîne TNT, si le Conseil d’État déboute NRJ12. « NRJ12 est la clé de voûte et le pivot de notre pôle télévision », souligne-t-il, expliquant que sans synergies entre NRJ12 et Chérie 25, l’ensemble du pôle télévision du groupe serait fragilisé. Cette situation pourrait entraîner des licenciements parmi la centaine de collaborateurs liés à ces activités.
Pour lui, l’avenir de NRJ12 en dehors de la TNT est incertain. Il écarte l’hypothèse d’une migration vers le câble, le satellite ou l’ADSL, estimant que la visibilité offerte par la TNT est indispensable pour attirer une audience et générer des revenus publicitaires suffisants. « Si NRJ12 disparaît de la TNT, elle sera reléguée très loin dans les plans de service des distributeurs, avec un impact majeur sur l’audience », déclare-t-il.
Un « accident industriel » pour le groupe NRJ
Le fondateur du groupe NRJ insiste sur l’impact potentiellement catastrophique de cette décision pour son groupe, qu’il qualifie d’« accident industriel ». Cette exclusion de la TNT pourrait remettre en question la viabilité même du pôle télévision du groupe, menaçant ainsi de nombreux emplois et l’avenir d’une offre média pluraliste et dédiée au jeune public.
À lire aussi
L’Élysée propose Martin Ajdari pour présider l'Arcom
À trois mois d'un grand chambardement de la TNT, l’Élysée a proposé jeudi le haut-fonctionnaire Martin Ajdari, actuel directeur général adjoint de l'Opéra de Paris, pour présider à partir de février l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique dont le poids ne cesse de grossir.
En 2023, la création française a perçu 362 millions d'euros de Netflix, Disney+ et Amazon Prime Vidéo
Netflix, Disney+ et la plateforme d'Amazon Prime Video ont contribué à hauteur de 362 millions d'euros à la production audiovisuelle et cinématographique française en 2023, en vertu de leurs obligations de financement depuis trois ans, selon un bilan dévoilé par l'Arcom et le CNC mardi.
À lire plus tard
Vous devez être inscrit pour ajouter cet article à votre liste de lecture
S'inscrire Déjà inscrit ? Connectez-vous