La LFP essuie un premier échec dans la vente des droits TV de la Ligue 1
Le football français a essuyé un premier échec dans la vente de ses droits de diffusion TV 2024-2029 alors qu’aucun des lots proposés par la Ligue de football professionnel (LFP) n’a trouvé preneur, ouvrant une période de négociations de gré à gré à haute incertitude.
Le milliard d’euros tant convoité par le président de la LFP Vincent Labrune, en comptant les droits vers l’étranger commercialisés en parallèle, est pour l’heure un mirage.
Ni Amazon Prime Vidéo, ni BeIN Sports, ni la plateforme de streaming sportif DAZN n’ont voulu s’aligner sur les 800 millions d’euros par saison demandés par la Ligue pour participer aux enchères de mardi concernant les droits domestiques.
En revanche, cet échec permet potentiellement au groupe Canal+, qui avait refusé de participer aux enchères, de revenir autour de la table.
« Après avoir reçu plusieurs offres qualitatives et dispositifs de garantie financière sur l’ensemble des lots 1 à 5, LFP Media indique qu’aucun des cinq lots n’a été attribué ce jour, conformément aux dispositions de l’appel à candidatures Ligue 1 », a écrit la LFP.
Celle-ci avait mis à prix les deux premiers lots, qui concernent la diffusion en direct des matches, à 530 millions d’euros pour le lot 1 contenant les deux plus belles affiches et le choix N.4 de chaque journée, et à 270 millions d’euros pour le lot 2 qui comprend les six autres matches.
Des montants jugés importants par la plupart des observateurs de l’économie du sport, tandis que les droits pour la précédente période ne s’élevaient qu’à 624 millions d’euros par saison.
Des négociations de gré à gré entre la LFP et les médias intéressés vont désormais commencer, et pourraient durer plusieurs semaines. Le principal diffuseur actuel Prime Vidéo, BeIN Sports qui pendant une partie des années 2010 a occupé ce rôle et DAZN figurent parmi les candidats espérés.
Réconciliation à venir avec Canal+ ?
Les candidatures hypothétiques de multinationales comme Apple n’ont pas eu lieu « pour sauver » la LFP, ironise en privé une source au sein d’un des médias concernés.
« Il semble que la LFP paie enfin pour la pagaille Mediapro », poursuit-elle. Le diffuseur sino-espagnol Mediapro, qui avait mis 800 millions d’euros pour s’adjuger les droits 2020-2024, avait finalement fait faillite en octobre 2020.
Chez DAZN, qui détient déjà des droits dans les championnats allemand, espagnol, italien et belge, on ne souhaitait pour l’heure faire aucun commentaire. Mais la plateforme de streaming sportif devrait être déterminée à entamer des discussions avec la LFP, elle qui se disait le « meilleur choix » en septembre.
La séquence qui s’ouvre n’en reste pas moins très incertaine pour la Ligue et, à travers elle, pour les clubs de football professionnel dont les finances dépendent directement de la manne télévisée.
Ce scénario avait cependant été envisagé par la LFP. Une source proche de sa direction avait, mi-septembre, confié que les négociations de gré à gré ne lui faisaient pas peur, Vincent Labrune ayant déjà procédé de cette façon par le passé.
Assistera-t-on à des réconciliations avec Maxime Saada ? Le président du directoire du groupe Canal+ n’avait pas eu de mots assez durs pour justifier son refus de participer aux enchères, dans une lettre à Vincent Labrune dévoilée par l’Équipe fin septembre.
Les conditions de l’appel d’offre « ont achevé de nous convaincre que votre seul objectif était d’en écarter Canal+ et de favoriser Amazon », avait-il écrit, avant d’asséner : « Vous n’avez eu de cesse de pénaliser Canal+ ».
La chaîne cryptée s’était sentie lésée après la faillite de Mediapro car elle estimait que son lot de deux matches par journée, payé 332 millions d’euros, était désormais surévalué par rapport à ce que payait Prime Video pour les huit autres matches (250 M EUR) – aujourd’hui sept – rachetés à l’entreprise espagnole défaillante. Canal+ avait poursuivi devant la justice la LFP, en vain.
Répondant à la lettre, les dirigeants de la Ligue de football professionnel avaient « regretté » la décision de Canal+ et dénoncé des “affirmations ou insinuations (…) d’une particulière gravité”. Un conflit sur la place publique qui n’empêche pas dans l’absolu des négociations privées.
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