L’âge de l’affiche
L’édito de The Media Leader Dimanche du 3 novembre 2024
Je roule trop vite. Non cher lecteur, tu n’as pas reçu par erreur l’édito de la semaine dernière. Pas plus que l’auteur de ces lignes n’est atteint d’une perte subite et grave de ses fonctions mémorielles. Il est vrai qu’elles se dégradent mais pas à ce point. Non, si je reviens sur ce déplorable comportement, c’est qu’il a un impact sur ma perception de la publicité extérieure, autrement appelée par les gens de ma génération, affichage. En effet, lorsque je circule à moto, je bénéficie d’une vision du paysage urbain beaucoup plus complète qu’en voiture. Quasi panoramique. Mais les deux roues permettant d’ignorer les embouteillages et sa conduite requérant une grande concentration, je n’ai pas le loisir de détailler les panneaux publicitaires qui bordent mon chemin. Lesquels échappent probablement à la sagacité des conducteurs automobiles trop souvent occupés à regarder l’écran de leur smartphone, mais c’est une autre histoire. Certes, je m’arrête au feu rouge et si un dispositif est installé à proximité, ce qui est souvent le cas à Paris, je peux voir les affiches. Au contraire de la banlieue un peu plus lointaine où les 4X3 ont disparu. Lorsque j’étais — plus jeune journaliste, notamment chargé de ce secteur, ces panneaux grand format me permettaient de me tenir au courant de l’actualité simplement en allant au travail. C’est un peu plus compliqué aujourd’hui pour les raisons évoquées, mais cela ne m’a pas empêché d’apercevoir une campagne pour TikTok sur des mobiliers urbains. Je trouve toujours un peu ironique, mais aussi réjouissant, de voir ces réseaux à qui l’on prête souvent la responsabilité de déstabiliser l’environnement média, se résoudre à utiliser le plus vieux support du monde.
La pipe de Tati
Oui, parce que je ne vous l’ai pas dit mais vous l’avez peut-être deviné, je suis assez fan de l’affichage. En partie parce que je viens d’une époque où il était beaucoup plus présent qu’aujourd’hui. Je me souviens encore de Myriam promettant un matin de 1981 qu’elle enlèverait le haut le lendemain. Je me souviens aussi avoir longtemps circulé en transports en commun et des polémiques que suscitait l’interdiction de campagnes Benetton jugées trop provocatrices par la RATP. Et plus récemment, de l’émoi qu’avait suscité l’effacement de la pipe de Jacques Tati sur l’affiche d’une exposition qui lui était consacrée. L’article de fumeur avait été masqué par un moulin à vent en vertu de la loi Evin. Je prends le métro plus rarement désormais mais j’ai compris que je n’y verrai pas le visage du président du Rassemblement national. Une décision prise par l’exploitant qui la justifie par la neutralité qu’il se doit d’observer dans un lieu fréquenté par le public. Je ne me prononcerai pas ici dans le débat sur la question de la censure, ce n’est pas le lieu. En revanche je ne peux m’empêcher de remarquer qu’à l’heure où les médias se disputent l’attention des citoyens, cette polémique est une démonstration en creux de la force de l’affichage. Quant à la couverture de ce livre, elle me manquera moins que la pipe de Monsieur Hulot.
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