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Le Canard Enchaîné dépose plainte pour « perquisition numérique illégale »

Le Canard Enchaîné dépose plainte pour « perquisition numérique illégale »
Dans sa plainte, la direction de l'hebdomadaire fait valoir que l'accès à cette base de données « n'est possible qu'avec un mot de passe à la condition d'être connecté au réseau wifi interne, ce qui implique d'être présent dans les locaux du journal ou à proximité immédiate ».

Le Canard Enchaîné a déposé plainte contre X estimant avoir été victime d’une « perquisition numérique illégale » portant « atteinte à l’ensemble des piliers de notre État de droit » s’agissant d’une entreprise de presse.

La plainte, enregistrée le 5 mars auprès de la procureure de la République de Paris, a été déposée pour « introduction, extraction et reproduction frauduleuses des données » de son système informatique et « faux en écriture publique avec la circonstance aggravante qu’il a été commis par une personne dépositaire de l’autorité publique ».

En cause, un procès-verbal du 22 juillet 2022 de la brigade financière de la police judiciaire parisienne, issu d’une enquête ouverte par le parquet de Paris sur des soupçons d’emploi fictif au sein de l’hebdomadaire satirique.

En 2022, un de ses journalistes, Christophe Nobili, avait déposé plainte en affirmant que la compagne d’un ex-dessinateur et administrateur du Canard, André Escaro, avait bénéficié pendant vingt-cinq ans d’une rémunération du journal sans y avoir travaillé, ce que la direction conteste.

Deux anciens patrons de l’hebdomadaire doivent être jugés en octobre prochain dans ce dossier.

Le PV de la brigade financière fait état de la consultation par un enquêteur d’un « lien » fourni par Christophe Nobili qui donne accès « à la page de garde du système de documentation numérique du Canard enchaîné ».

Il y est mentionné que « le site offre la possibilité d’effectuer un tri des articles à partir du nom du rédacteur ». Suit une liste de 33 noms de journalistes.

Dans sa plainte, la direction de l’hebdomadaire fait valoir que l’accès à cette base de données « n’est possible qu’avec un mot de passe à la condition d’être connecté au réseau wifi interne, ce qui implique d’être présent dans les locaux du journal ou à proximité immédiate ».

Ce système n’est accessible depuis un « VPN » que depuis l’automne 2023, soit « plus d’un an après l’enquête », se sont étonnés auprès deux des dirigeants du Canard, Erik Emptaz et Hervé Liffran.

Pour eux, l’enquêteur a « nécessairement dû en prendre le contrôle à distance ».

Or, la direction relève que le PV ne fait mention d’aucune autorisation de procéder à une perquisition numérique sous l’autorité d’un magistrat.

Ces faits « sont d’une particulière gravité », note-t-elle, car « une fois introduit dans le réseau wifi privé du Canard, le service enquêteur s’est trouvé en situation d’accéder à des données nettement plus confidentielles ».

« Nous voulons comprendre pourquoi l’enquêteur a agi ainsi », ont souligné Erik Emptaz et Hervé Liffran.

L’hebdomadaire satirique a connu en décembre 1973 un épisode épique de tentative de pose de micros dans ses locaux. On soupçonnait à cette époque une barbouzerie de services de renseignement.

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