Le réseau social X reste bloqué au Brésil
Depuis samedi au Brésil, le réseau social X est bloqué après qu’un juge de la Cour suprême a ordonné sa suspension pour avoir ignoré une série de décisions judiciaires liées à la lutte contre la désinformation.
A la Cour Suprême brésilienne ce lundi, se tenait le vote de cinq ministres concernant la prolongation de la suspension du réseau social. A 12h, heure locale, à Brasilia, une majorité avait voté en faveur de cette prolongation qui s’appliquera tant que la plateforme ne se conformera pas aux décisions de justice. X devra régler les amendes reçues pour désobéissances aux décisions de justice qui s’élèvent à un montant de 18 millions de réaux, (2,8 millions d’euros) et désigner un représentant légal au Brésil. Par ailleurs, l’amende destinée aux utilisateurs du réseau social durant cette suspension ( via VPN par exemple ) de 50 000 réaux (8000 euros) est maintenue.
X suspendu depuis samedi
Depuis les premières heures samedi, l’accès à l’ancien Twitter n’est plus possible pour certains utilisateurs, qui rencontrent un message leur demandant de rafraîchir leur navigateur lorsqu’ils entrent sur le portail, sans jamais réussir à se connecter.
La coupure de X a commencé chez certains fournisseurs d’accès à internet. A la mi-journée, aucun bilan officiel n’avait été communiqué sur l’application de la suspension, qui devrait être achevée dans les prochaines heures dans ce pays de plus de 200 millions d’habitants.
Un juge de la Cour suprême a ordonné vendredi, après un long bras de fer, la suspension de X dans les 24 heures, provoquant la colère d’Elon Musk.
« La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et, au Brésil, un pseudo-juge non élu est en train de la détruire à cause de motivations politiques », a tonné le milliardaire américain.
C’est le dernier épisode en date de la joute entre lui et Alexandre de Moraes, juge du Tribunal fédéral suprême (STF) et figure de la lutte contre la désinformation au Brésil.
Il intervient un peu plus d’un mois avant des élections municipales qui permettront de mesurer le rapport de force entre le camp du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva et la droite, qui fait volontiers d’Elon Musk son champion.
Le juge Moraes avait donné mercredi soir 24 heures à la plateforme pour nommer un représentant légal dans le pays, sous peine de blocage. X y compte 22 millions d’usagers, selon l’estimation du site spécialisé DataReportal.
« Dictateur »
Après le rejet par le réseau social de l’ultimatum, le juge a décidé la « suspension immédiate, complète et intégrale » de X au Brésil et ordonné à l’Agence nationale des télécommunications (Anatel) d’ « adopter toutes les mesures nécessaires » pour qu’elle entre en vigueur dans les 24 heures dans le plus grand pays d’Amérique latine.
Le juge a également demandé aux géants de la tech Google et Apple de retirer X de leurs boutiques d’applications, et aux fournisseurs d’accès internet d’ « introduire des obstacles technologiques capables d’empêcher l’utilisation” du réseau. Mais il a ensuite levé cette mesure.
Il a en revanche maintenu sa menace d’amendes de 50 000 reais (environ 8 000 euros) par jour pour les personnes qui recourraient à des « subterfuges technologiques » pour contourner le blocage, comme l’usage de réseaux privés virtuels (VPN).
Conséquence, le réseau social Bluesky a fait état d’un « grand afflux » de nouveaux utilisateurs au Brésil.
Le juge Moraes a dénoncé la « tentative » de X d’échapper à « l’ordre juridique et au pouvoir judiciaire brésiliens, pour instaurer un climat de totale impunité et d’anarchie sur les réseaux sociaux brésiliens, notamment durant les élections municipales de 2024 ».
La suspension doit rester en vigueur jusqu’à ce que la plateforme obtempère, paie les amendes qui lui ont été infligées et nomme un représentant légal.
Le juge Moraes a aussi bloqué récemment les comptes de Starlink, fournisseur d’accès à internet par satellite dont Elon Musk est propriétaire, pour récupérer le montant d’amendes non payées par X.
L’homme d’affaires a multiplié les attaques contre Alexandre de Moraes cette semaine, le traitant de « dictateur ».
« Pour qui se prend-il ? », a réagi vendredi le président Lula, en évoquant l’entrepreneur. « Tout citoyen de n’importe quelle partie du monde qui a des investissements au Brésil est soumis à la Constitution et aux lois brésiliennes », a-t-il dit.
« Milices numériques »
Le 17 août, Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux de X au Brésil en invoquant les actions du juge Moraes, tout en y maintenant le service disponible.
Le haut magistrat a ouvert en avril une enquête sur le milliardaire en l’accusant d’avoir réactivé des comptes suspendus sur décision de la justice brésilienne. X avait admis que des utilisateurs avaient réussi à contourner les restrictions.
Le juge a ordonné ces dernières années le blocage des comptes de figures influentes des mouvements ultra-conservateurs brésiliens pour avoir disséminé des « fake news ».
Et ce en particulier depuis les tentatives de partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022) de discréditer le système de vote électronique lors de l’élection remportée par Lula en 2022.
Elon Musk fait également l’objet au Brésil d’une enquête dans l’affaire des « milices numériques », soupçonnées d’avoir utilisé de l’argent public pour orchestrer des campagnes de désinformation en faveur de J. Bolsonaro et de ses proches.
Comme dans d’autres pays, X est très prisé au Brésil des politiques comme des journalistes, et est une arène privilégiée de l’intense polarisation entre droite et gauche.
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La semaine dernière, le quotidien britannique The Guardian a quitté le réseau social d'Elon Musk, suivi du périodique espagnole La Vanguardia. En France, c'est le groupe Ouest France qui annonce la suspension de l'utilisation de la plateforme, « ne partageant pas les valeurs du groupe ».
Reporters sans frontières poursuit X pour fausses informations
L'ONG Reporters sans frontières (RSF), victime d'une opération de désinformation sur X (ex-Twitter), a annoncé porter plainte en France contre le réseau social d'Elon Musk, l'accusant « d’inaction délibérée » et de « complicité » face à des « contenus diffamants ».
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