Ligue 1 : la question des droits TV sort du vestiaire, DAZN dans les starting-blocks
Trois ans après le fiasco Mediapro, diffuseur sino-espagnol défaillant et éphémère de la Ligue 1, et après l’arrivée d’Amazon, le football professionnel français remet mardi ses droits TV en jeu, avec une question : touchera-t-elle le milliard annuel tant désiré ?
C’est une période cruciale qui s’ouvre pour le foot français, encore traumatisé par la Bérézina vécue avec Mediapro, qui en 2018 avait fait rêver la Ligue 1 en achetant ses droits à prix fort avant de la laisser en lambeaux en 2020.
Remise sur pied avec les deux acteurs actuels, le nouveau Amazon et l’historique chaîne française Canal+, l’instance joue gros avec ce nouveau cycle, qui s’ouvrira lors de la saison 2024-25. Nouveauté, la Ligue de football professionnel (LFP) a désormais la possibilité de vendre ses droits pour cinq ans, contre quatre auparavant.
Les diffuseurs actuels
Les droits TV de la Ligue 1 sont aujourd’hui partagés entre l’historique Canal+ et le nouveau venu Amazon, sans oublier Free pour des extraits de matches en quasi-direct.
Pour 250 millions d’euros par saison, Prime Video diffuse en exclusivité sept matches par journée : l’affiche du vendredi soir (21h00), le match du samedi après-midi (17h00), celui du dimanche à 13h00 suivi du multiplex de trois matchs (15h00), ainsi que la rencontre du dimanche soir (20h45).
Éclipsé par Mediapro, Canal+ avait récupéré après le départ du groupe espagnol les droits vacants pour la fin de saison 2020-2021, à prix cassé. Mais à partir de 2021-2022, après l’arrivée d’Amazon, Canal+ n’a plus que deux matchs par journée, rachetés précédemment à BeIN Sport pour un total de 332 M d’euros. La chaîne cryptée se sent lésée et entre en conflit avec la Ligue.
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Ancien opérateur historique, Canal+ diffuse donc actuellement les rencontres du samedi soir (21h00) et du dimanche après-midi (17h05).
Free ne diffuse pas de matchs, mais pour 42 M d’euros par saison, l’opérateur propose en léger différé les meilleurs extraits de matchs pour ses clients. Il offre également des résumés et interviews.
Un nouveau prétendant au titre : DAZN, « le Netflix du sport»
Déjà implantée dans plusieurs pays, la plateforme de streaming sportif DAZN pense être le « meilleur choix » pour diffuser la Ligue 1 à « long terme », explique son directeur commercial Marc Watson.
« DAZN est déjà le plus grand diffuseur de sports en Europe, avec du football italien, espagnol, belge, allemand, et il est naturel pour nous de vouloir nous développer en France. C’est un marché très important. Nous avons établi un partenariat stratégique solide avec Canal (en juillet, NDLR). On distribue la marque DAZN à environ 1,3 million de clients Canal. De même, on discute avec d’autres plateformes pour que notre distribution soit aussi large que possible. Mais nous ne sommes pas venus pour une année seulement, nous voulons être en France pour le long terme. On a déjà la Ligue 1 sur certains marchés. C’est un bon produit et on pense qu’elle est un peu sous-évaluée, qu’il y a un potentiel de croissance à la fois en France et à l’international », explique-t-il.
Les droits français sous-évalués ?
Les droits TV de la Ligue 1 sont pour l’heure très inférieurs à ceux des grands championnats européens, la Premier League anglaise en tête.
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En France, la valeur des droits TV pour la ligue 1 n’a cessé d’évoluer : 653 M euros par an entre 2005 et 2008 pour atteindre 726,5 M euros par an pour la période 2016-2020. 1,153 milliard d’euros par an, dont 800 M pour Mediapro avant sa défaillance, étaient ainsi prévus entre 2020 et 2024. Néanmoins, la valeur des droits a été revue à la baisse pour atteindre 624 M euros par an dont 250 M d’Amazon, 332 M de Canal + et 42 M de Free.
Les droits annuels de diffusion à l’étranger de la L1 sont actuellement d’environ 85 M d’euros.
En Angleterre, les droits TV domestiques des matchs diffusés au Royaume-Uni s’élèvent à 1,83 milliard d’euros par an (2022-2025). Le montant est quasiment identique en ce qui concerne les droits de diffusion à l’étranger, selon la presse britannique, ce qui porte le total à plus de 3,5 milliards d’euros.
L’Espagne a vendu les droits de la Liga à 990 M d’euros par an (2022-2027), l’Allemagne 1,1 milliard d’euros par an (2021-2025), et l’Italie 927,5 M d’euros par saison (2021-2024).
Vers un match nul ?
Qui se positionnera ? Le géant Amazon, qui propose sur sa chaîne Prime Video sept matches -et les dix plus belles rencontres de l’année ? Canal+, l’acteur historique qui en diffuse deux mais est en conflit avec la LFP ? Des anciens, comme BeIN ? Ou des nouveaux, comme Apple ou DAZN, la plateforme de streaming sportif déjà présente dans d’autres championnats ?
Outre Amazon et Canal+, la chaîne qatarie BeIN Sport reste un potentiel candidat, après avoir diffusé des matches entre 2012 et 2020.
Dans une interview à The Media Leader, Philippe Bailly (NPA Conseil), pariait sur une offre de DAZN et surtout sur une stratégie pour Amazon. “Si Amazon se porte à nouveau candidat, ce sera plutôt sur un modèle qu’ils ont créé en Angleterre ou en Allemagne, avec deux ou trois matchs maximum par journée proposé sans abonnement supplémentaire aux abonnés Prime” expliquait-il.
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