80 ans, Le Monde n’attend pas
Le premier numéro du quotidien a vu le jour le 18 décembre 1944 et ce grâce à Hubert Beuve-Méry qui a tracé sa ligne de conduite : « le journalisme, rien que le journalisme, mais tout le journalisme », les célébrations de ce 80ᵉ anniversaire ont, elles, débuté en mars.
Le Monde, c’est une histoire de journalisme et de grands reporters, une histoire d’influence, une histoire de valeurs et de grands moments de fragilité que connait le secteur de la presse, qui se voient amenuiser depuis que la grande faucheuse internet est apparue.
On avait prédit la mort du papier, la mort du Monde et des autres.
Avec Internet, et tous ceux qui ne s’en approchaient alors pas assez vite, il était difficile d’envisager un avenir serein. D’anticiper les changements d’habitudes de lecture, la place des écrans, les réseaux sociaux ou la programmatique.
Le Monde a réussi assez vite à prendre ce virage non pas sans douleurs et crises. Mais une chose n’a jamais éloigné le journal de l’objectif premier de son fondateur : le journalisme, « son identité éditoriale et l’exigence des contenus ».
De la recapitalisation de 2010 à nos jours
En 2010, Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse deviennent actionnaires majoritaires du journal et assurent une indépendance totale aux rédactions. En réinjectant 30 millions d’euros, le Monde a pu travaillé à son développement numérique et sa stratégie d’abonnements numériques. À l’époque, la rédaction du journal était constituée d’environ 300 journalistes. Ils sont 550 aujourd’hui et de nouveaux métiers ont fait leur apparition au sein de la rédaction, des community managers, des journalistes spécialisés dans la vidéo ou le podcast, ou en motion designers qui réalisent les infographies, et ce, pour créer les contenus adapté à chacun. Informer ou raconter l’air du temps en privilégiant les formats cours et les enquêtes au long cours comme la série écrite « l’album mystérieux » de Philippe Broussard ou il a enquêté durant quatre années pour retrouver l’identité d’un photographe.
« Quatre-vingts ans plus tard, en ce début de 2024, ce sont plus de 540 journalistes qui publient chaque jour, sous notre en-tête gothique à peine simplifié, sur numérique et sur papier, sur applications et réseaux sociaux, en live et en magazine, en podcasts et en hors-séries, en français et en anglais, des textes, images et sons destinés à plus de 600 000 abonnés, et à un nombre bien supérieur de lectrices et de lecteurs à travers le monde », écrivait Jérôme Fénoglio, le directeur du Monde dans l’édito réservé à l’anniversaire du quotidien.
Le Monde est rentable depuis neuf ans et compte près de 65 000 abonnés dont 550 000 sur le numérique.
80 ans pour les lecteurs et une introspection
En 2024, Le Monde a décidé de faire son analyse. Il a durant 80 ans décortiqué diverses questions économiques, politiques et sociales sur le monde. Depuis mars, et jusqu’à fin décembre, de grandes plumes du journal reviennent, depuis le premier numéro du 18 décembre 1944, sur huit décennies de traitement, par le journal, d’une quinzaine de thématiques qui résonnent avec l’actualité.
En septembre, le Festival du Monde a construit ses trois journées autour de ces 8 décennies d’existence, ses coulisses, ses sièges, sa construction au quotidien, son exigence.
Dans 15 gares françaises, Le Monde s’expose, jusqu’à la fin de l’année, les voyageurs ont accès à des articles du Monde issus de la rubrique « je ne serais pas arrivée là si … » via un QR code.
Ce 18 décembre, de nouveau la rédaction s’est mobilisée pour ses lecteurs. De 9h à 18h, un live sur l’application et le site journal proposait d’échanger en direct avec Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, Clara Georges, rédactrice en chef de la rubrique Intimités, Manon Romain, des Décodeurs et Liselotte Mas du service vidéo pour un échange sur l’investigation en sources ouvertes (OSINT) et Syrielle Mejias, du service des vidéos verticales.
Et l’actionnaire majoritaire, le fonds pour l’indépendance de la presse, lance la première édition de bourses (d’un montant total de 200 000 euros) pour accompagner des journalistes dans un projet éditorial.
Des verticales aux IA : demain est déjà hier
Le quotidien a loin d’avoir été réfractaire à l’avancée de l’IA. Celle-ci ne décimera pas la rédaction. Bien au contraire, son utilisation est encadrée dans une charte et Le Monde est le seul quotidien à avoir signé un accord avec OpenAI, Deep L et Microsoft.
La charte d’abord. La rédaction ne produit ni contenus, ni images à partir de l’IA.
Elle utilise l’intelligence artificielle, oui. Dans le déploiement de la version anglaise du site et de son application Le Monde in English, l’IA est l’outil qui permet d’aider les rédactions. Les articles sont traduits dans un premier temps par DeepL (environ 40% des articles) avant d’être repris par des traducteurs professionnels, puis édités et enfin publiés par une équipe de journalistes anglophones.
Il a signé avec Microsoft afin de tester le passage de ses articles en version audio.
Avec OpenAI et son search intégré à chatGPT, sur des informations récentes, sont fournis des liens vers des sources d’information. OpenAI peut se baser sur les contenus des médias partenaires pour apporter des réponses à ses utilisateurs.
Là aussi, Le Monde a tiré son épingle du jeu. Il est l’unique média français ayant conclu un accord pluriannuel contre rémunération. Les internautes accèdent à des articles du quotidien dans leurs recherches. Il permet à Chat GTP « d’établir et fiabiliser ses réponses. Il prévoit que les références aux articles du Monde soient mises en exergue et qu’elles se fassent systématiquement avec un logo, un lien hypertexte et le titre du ou des articles utilisés comme références. » (hors photos et contenus d’agence de presse) expliquait Louis Dreyfus, le président du directoire du groupe Le Monde dans un article du Monde adressé aux lecteurs.
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