Françoise Nyssen trace les pistes de la prochaine réforme de l’audiovisuel public
Fin de la diffusion hertzienne de la chaîne jeunesse France 4, trois fois plus de programmes régionaux de France 3, changement du mode de gouvernance en 2019 : la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a lancé lundi la réforme de l’audiovisuel public.
Le développement numérique de l’audiovisuel public «doit changer d’échelle, notamment pour répondre à l’enjeu des jeunes publics.» : les sociétés publiques investiront 150 millions d’€ supplémentaires dans le numérique d’ici 2022 et elles développeront les nouvelles offres en ligne, a indiqué la ministre. Pour cela, «France Télévisions libérera au moins le canal hertzien de France 4 et il faudra interroger nos concitoyens d’Outre-Mer et leurs élus pour déterminer si l’avenir est au maintien de France Ô sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières.
France 3, qui diffuse actuellement deux heures de décrochages régionaux par jour, devra se recentrer sur la proximité et tripler ses programmes régionaux, et combiner ses forces avec les radios locales de Radio France (le réseau France Bleu).
Le calendrier législatif de la réforme de l’audiovisuel public a été quant à lui repoussé à courant 2019 avec des lois sur la réforme de la gouvernance, le financement qui passera par une révision de la redevance, et la régulation à l’heure du numérique, qui devrait inclure une modernisation des pouvoirs du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel).
Au niveau des contenus, une «sanctuarisation» de 560 M€ investis chaque année est prévue, Françoise Nyssen annonce le lancement de deux nouvelles plateformes :
– un nouveau média des arts et de la culture, qui sera lancé fin juin 2018, rassemblant des centaines d’heures de captations, des podcasts, des webseries, à partir des offres des six sociétés ;
– une offre «jeunesse» commune à Radio France, France Télévisions et France Médias Monde, avec des formats courts et innovants. «C’est un des enjeux majeurs de la réforme afin de reconquérir les jeunes publics.»
A court terme, une plateforme commune de décryptage des fausses nouvelles sera hébergée sur le site de franceinfo. Elle sera lancée ce mercredi.
L’économie reste un moteur fort de la réforme : «les synergies entre sociétés vont se développer, pour permettre à l’audiovisuel public d’innover, de gagner en performance et en visibilité. Il faudra également qu’elles dégagent des gains d’efficience et des économies pour financer les priorités. Il y a des marges de manœuvre, nous le savons, et la mutation des sociétés passe aussi par une profonde transformation de leur organisation et de leur mode de management.» indique Françoise Nyssen.
La ministre a nommé une mission pour mener à bien la concertation a indiqué le 4 juin la ministre de la Culture, en précisant que celle-ci avait «vocation à être garante de la consultation de tous les partenaires de l’audiovisuel public et de la mise en place du débat citoyen que les entreprises vont engager». Concernant les objectifs de la réforme, le mission devra «approfondir trois sujets en lien avec les entreprises : les enjeux autour de l’Outre-Mer, l’audiovisuel extérieur et les modalités de coopération entre France Télévisions et Radio France, notamment pour le développement de l’offre de proximité».
La mission est composée de cinq membres : Isabelle Giordano, journaliste, directrice générale d’Unifrance ; Frédéric Lenica, conseiller d’Etat, ancien directeur général du CSA et ancien directeur de cabinet d’Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication ; Claire Leproust Maroko, ancienne directrice des productions numériques de CAPA ; Marc Tessier, inspecteur des finances, ancien directeur général du CNC et ancien président de France Télévisions ; Catherine Smajda-Froguel, directrice des projets stratégiques à la BBC entre 2006 et 2017, sera secrétaire générale de la mission.
À lire plus tard
Vous devez être inscrit pour ajouter cet article à votre liste de lecture
S'inscrire Déjà inscrit ? Connectez-vous