Création d’une agence de lutte contre les manipulations de l’information
Le Premier ministre Jean Castex a officialisé mardi par décret la création d’une agence nationale de lutte contre les manipulations de l’information en provenance de l’étranger, baptisée «Viginum» et qui sera active à partir de septembre.
Rattaché à Matignon via le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), le «service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères» aura pour mission de répondre au «défi majeur de la menace informationnelle et des ingérences étrangères dans le débat public», selon le compte-rendu du Conseil des ministres.
Plus précisément, Viginum devra «identifier des opérations impliquant (…) un Etat étranger ou une entité non étatique étrangère et visant à la diffusion (…) d’allégations ou d’imputations de faits manifestement inexactes ou trompeuses de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation».
Débutés en septembre, les travaux de Viginum «s’amplifieront au fur et à mesure de la croissance de ses effectifs», prévus à 50 pour janvier 2022 (analystes, ingénieurs, experts des médias…). Ces personnes travailleront en sources ouvertes, c’est-à-dire à partir d’éléments publics, avait précisé le SGDSN Stéphane Bouillon lors d’une audition début juin à l’Assemblée nationale.
«Il ne s’agit pas de faire du renseignement, ce qui nous intéresse c’est ce qui est en train de devenir pandémique sur le plan informationnel» et si cela émane d’«un pays étranger ou d’une organisation étrangère qui visent ainsi à déstabiliser l’Etat sur le plan politique», avait-il alors insisté.
Plusieurs échéances électorales feront l’objet d’une attention particulière au cours des mois à venir, avait expliqué le SGDSN, comme les élections législatives en Allemagne fin septembre, «pour pouvoir en tirer des leçons».
La France elle-même se prépare à la tenue dans moins d’un an d’une élection présidentielle et des tentatives d’ingérences dans des scrutins passés dans ce pays, ou aux Etats-Unis, ont été documentées.
Conscient du risque que cette nouvelle agence passe pour un outil d’influence en ligne au service de l’exécutif français à moins d’un an de la présidentielle, le SGDSN avait promis la «transparence totale» sur ses actions.
Un comité d’éthique et scientifique présidé par un membre du Conseil d’Etat – la plus haute juridiction administrative -, lui-même secondé par un membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), «sera chargé de suivre l’activité de ce service et pourra exprimer toute recommandation», précise le gouvernement dans sa communication.
(Avec AFP)
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