Fréquences TNT : SIX modernise, M6 sur la défensive, TF1 dans la continuité
Face au collège de l’Arcom, M6 et TF1 présentaient hier leurs projets au renouvellement de leurs fréquences TNT. De son côté, le challenger Xavier Niel, exposait le projet SIX qui ambitionne de remplacer l’actuelle M6.
Le renouveau par le projet SIX
« Nous voulons créer un grand média généraliste qui fait passer le téléspectateur avant l’annonceur », a déclaré, tel un slogan, Xavier Niel au début de la présentation du projet SIX porté par la société NJJ Projet 5523, filiale de sa holding personnelle.
Moins de pub, plus d’infos et de programmes inédits, des premières parties de soirée avant 21h, le projet SIX se veut plus ambitieux entre terme d’information, de création audiovisuelle et de transversalité.
Premièrement, l’homme d’affaires, qui avait révolutionné les télécoms avec Free, souhaite être présent sur tous les écrans et piller l’audience des réseaux sociaux à l’heure où ces derniers pillent le contenu et l’audience de la télévision. Il prend pour exemple les diffusions d’émissions sur Twitch, que les streamers commentent en direct, mais régulièrement supprimées, et des contenus repris. Un phénomène inéluctable de ces dernières années selon le fondateur de Free, la faute aux tunnels publicitaires qui auraient fait fuir les téléspectateurs, abandonnés et utilisés par la télévision actuelle.
« Il faut vendre moins de publicité et plus cher », ajoute-t-il. Un moyen pour SIX de commencer ses premières parties de soirées avant 21h, heure à laquelle les usages de visionnage sont plus ancrés.
Je ne souhaite pas laisser nos débats publics à des acteurs chinois ou américains
Xavier Niel
Deuxièmement, SIX prévoit plus d’information et d’éducation aux médias.
« Ce qui me gène, c’est que ce soit des algorithmes très loin de nous qui nous offre du temps de loisir, en particulier à nos enfants. Je ne suis pas confiant de laisser nos débats publics à des acteurs chinois ou américains », déclare Xavier Niel. Ce dernier souhaite donner à l’info du temps et des moyens, avec deux tranches par jour en direct de 90 min à 12h et 19h, dont une grande partie dédiée aux débats avec participants très variés, un magazine d’information le dimanche soir. SIX prévoit également une première rédaction de 160 journalistes, puis de 200, indépendante avec un droit de veto.
Troisièmement, le projet de la chaîne prévoit un investissement important dans la création, deux soirs par semaine avec des productions françaises, une case régulière de cinéma le jeudi soir avec un magazine ciné et une soirée du vendredi basée sur les documentaires. Un sujet qui tient à cœur à Xavier Niel, lui même actionnaire d’un des premiers producteurs français : Mediawan.
SIX souhaite également remettre à l’honneur les deuxièmes parties de soirée, ainsi que la musique qui occuperait 20% du temps d’antenne.
Parmi les points à retenir du dossier :
- 16% du CA investissement dans les œuvres et 14% dans le patrimonial
- 4% du CA en pré-achat pour le cinéma répartie en 14 films
- 75% sur les œuvres et 100% pour le documentaire et la création indépendante
- 70 premières parties de soirées en création patrimoniale indépendante
- Un lancement prévu mi-septembre
M6 défend son bilan
« Vingt-cinq millions de Français nous reçoivent par la TNT dont 10 millions n’ont pas d’autre possibilité. Qui est prêt à priver ce public de nos programmes ? », a déclaré en ouverture Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6. Face à l’Arcom, M6 a défendu son projet pour les dix prochaines années en s’appuyant sur son bilan. « Depuis trente-six ans, nous avons respecté nos engagements de neutralité politique et d’indépendance éditoriale. Un bon citoyen devrait-il être puni ? », déclare-t-il pour prouver la bonne foi de ses engagements futurs.
La chaîne souhaite donner une place plus importante et plus écologique à l’information. « Nous allons consolider la place de l’info sur nos chaînes avec les talents de M6, RTL et d’autres médias du groupe, en s’appuyant sur les réseaux sociaux pour relayer notre information », a indiqué Nicolas de Tavernost, notamment en s’appuyant sur ses programmes phares : Zone interdite et Capital. Pour ces prochaines années, M6 souhaite diffuser 600 heures d’info par an avec un sujet écologique par jour dans les journaux, lutter contre les infox et éduquer aux médias avec le déploiement de la rubrique infox sur tous les supports en lien avec la plateforme comprendre les médias. La chaîne souhaite également mettre en place un médiateur de l’information pour répondre aux questions des téléspectateurs. Sans oublier la valorisation des territoires au cœur de son nouveau projet.
Un bon citoyen devrait-il être puni ?
Nicolas de Tavernost
Le groupe a aujourd’hui la volonté « de continuer à défendre ses valeurs, ses talents et partenaires qui font avec le succès de cette chaîne ». Nicolas de Tavernost souhaite par ailleurs « valoriser d’autant plus la publicité » et « discuter avec les opérateurs, comme Orange », et d’ajouter « si j’ai un message à faire passer ici, Free est le seul qui ne veut pas faire de publicité ciblée, je l’incite à le faire ».
Pour finir le groupe M6 souhaite accélérer sur la jeunesse : « nous sommes le leader des réseaux sociaux avec 2 millions d’abonnés sur nos différents comptes. Nous sommes en conversation avec TikTok pour faire perdurer cette ambition ».
À retenir :
- Accord de production de création française diversifié (18,5% CA œuvres, 15% oeuvres visuelles, 3,5% oeuvres cinématographiques, 1,3% CA Groupe pour animé)
- Mise en place d’un médiateur de l’information
- 600 heures d’info par an avec un sujet écologique/jour dans les journaux
- Place importante de la diversité à l’antenne : parité, handicap, accessibilité avec un programme audio décrit par jour en moyenne, espace gracieux (700M en 2022)
TF1 mise sur la continuité
Seule en lice sur ce renouvellement, la première chaîne d’Europe, désormais dirigée par Rodolphe Belmer, a de son côté défendu son projet dans la continuité de ses précédents engagements, avec un focus mis sur la fiction française, le divertissement et le développement des audiences sur sa plateforme numérique.
« TF1 c’est la Une et la Une c’est TF1 ! », a tancé Rodolphe Belmer, nouveau PDG de la filiale de Bouygues.
La Une mise toujours sur le fil rouge de l’information avec ses JT de 13h et de 20h, son investissement dans LCI, sans oublier les magazines tels que 7 à 8. C’est « un investissement de près de 150 millions d’euros par an », a rappelé Rodolphe Belmer. « Avec cette fréquence, TF1 s’engage à proposer une programmation généraliste et diversifiée avec deux éditions complètes, des journaux d’informations et à diffuser régulièrement d’autres magazines d’actualité ».
TF1 c’est la Une et la Une c’est TF1 !
Rodolphe Belmer
La chaîne mise également sur la création audiovisuelle et cinématographique, entre 70 et 75 cases de fictions françaises en première partie de soirée. 70% des contenus proposés entre 6h et minuit sont inédits, deux cases fictions françaises, plus de contenus de divertissements, cinéma et fiction pour remplacer la case et demi de fiction américaine. « Nos concitoyens usent de plus en plus de l’audiovisuel pour regarder les programmes qu’ils aiment au moment qu’ils choisissent ». La chaîne veut donc proposer plus d’émissions en digital ou à la demande. « Ce qui aura changé d’ici à 10 ans, c’est que TF1 sera à la fois en linéaire, gratuit, idéalement en hertzien pour permettre à chacun de regarder les programmes qu’il aime », en citant les franchises comme la « Star Academy » ou « The Voice ».
Vincent Thobel
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