Etats généraux de l’information : les médias au cœur des discussions européennes et françaises
Le Parlement européen a donné un premier feu vert à une loi destinée à défendre le pluralisme et l’indépendance des médias ainsi que le secret des sources, un sujet au cœur de l’actualité en France avec les États généraux de l’information.
Le vote, marqué par 448 voix pour (102 contre et 75 abstentions), ouvre désormais la voie à des négociations avec les États membres, qui s’annoncent ardues, avant une adoption finale.
Cette loi européenne sur la liberté des médias a été présentée par la Commission en septembre 2022, face à la détérioration de la situation dans des pays de l’UE comme la Pologne et la Hongrie.
Elle prévoit des garanties pour une indépendance éditoriale des rédactions vis-à-vis du pouvoir politique ou économique et fixe des obligations de transparence sur la propriété des médias.
La France réfléchit à ces mêmes problématiques
Fiabilité de l’info, indépendance des journalistes, protection des sources : lancés ce mardi, les États généraux de l’information espèrent mobiliser le grand public sur ces questions rendues brûlantes par l’actualité.
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, en 2022, ces États généraux dureront jusqu’à l’été 2024. Ils aboutiront à des propositions de modifications législatives ainsi qu’à des recommandations au secteur.
Les Français sont appelés à faire des propositions lors d’une consultation en ligne ouverte jusqu’au 12 novembre, accessible via le site etats-generaux-information.fr.
Malgré un périmètre très vaste, les États généraux doivent déboucher sur « des propositions concrètes » pour « garantir le droit à l’information à l’heure numérique », a espéré Christophe Deloire, délégué général de leur comité de pilotage indépendant, lors de la conférence de presse de lancement à Paris.
Les États généraux s’appuieront aussi sur cinq groupes de travail en cours de constitution : « espace informationnel et innovation technologique » présidé par Sébastien Soriano, directeur général de l’IGN et ex-président de l’Arcep, « citoyenneté, information et démocratie » présidé par Pascal Ruffenach, PDG du groupe Bayard, « avenir des médias d’information et du journalisme » présidé par Christopher Baldelli, PDG de Public Sénat et ex-président de RTL, « souveraineté et lutte contre les ingérences étrangères » présidé par Arancha Gonzalez, doyenne de la Paris School of International Affaires à Sciences Po, et « État et régulation » présidé par Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’Autorité nationale des jeux et ex-présidente de la Cnil. Parmi les dix priorités listées figure le fait de « s’assurer que les plateformes mettent en place des dispositifs pour la fiabilité et l’information ».
« Protéger le droit au secret des sources » est également une des dix priorités. Une question propulsée sur le devant de la scène par la récente garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, après une enquête sur une mission de l’armée française en Egypte.
Cela a indigné la profession et des rassemblements sont prévus mardi à 18h30 à Marseille ou Strasbourg.
Autre priorité, « moderniser les règles en matière de pluralisme et de concentration des médias », alors que nombre d’entre eux appartiennent à quelques milliardaires (Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé…).
Cela pourrait entraîner une modification de la loi de 1986 sur l’audiovisuel, et un texte est également examiné au niveau européen.
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