L’Est Républicain teste l’intelligence artificielle pour les articles de correspondants locaux
Alors que fin octobre, L’Est Républicain (groupe Ebra) avait suspendu son projet d’expérimentation d’intelligence artificielle (IA) face à la grogne d’une partie du personnel, le titre a finalement engagé son essai IA pour le traitement de la copie de certains correspondants locaux.
Il s’agit d’une première pour la presse quotidienne régionale (PQR). D’une durée de trois mois, ce test se fait avec le robot conversationnel Chat GPT.
« Nous avons initié un test qui a débuté il y a moins de deux semaines sur l’Est Républicain », indique la direction du groupe Ebra, filiale du Crédit Mutuel à qui appartient le journal. Ebra ajoute qu’il ne communiquera pas davantage sur ce projet avant le premier semestre 2024 afin d’avoir « plus de recul et pouvoir tirer des enseignements précis ».
Cette expérimentation implique « quatre ou cinq secrétaires de rédaction (SR) volontaires », précise Eric Barbier, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ).
Une quinzaine d’articles
Pour l’instant, le test d’IA est limité à la copie des correspondants en provenance de l’agence locale de Lunéville (Meurthe-et-Moselle), selon Eric Barbier. Il s’agit ainsi d’une « quinzaine » d’articles qui sont passés chaque jour à la moulinette de Chat GPT.
C’est là que les choses se compliquent entre syndicats et direction. Pour cette dernière, le robot s’acquitte simplement d’un travail « de relecture et de corrections de contenus ».
Mais dans les faits « on demande à l’IA de réécrire les papiers des correspondants », accuse Eric Barbier. Au-delà d’une simple réécriture orthographique ou grammaticale, on demande au robot « de proposer des titres et des accroches » d’articles.
Les syndicats ont néanmoins accepté la mise en place de cette expérimentation à condition qu’un expert puisse assister aux deux derniers mois de la phase de tests. Le cabinet Apex-Isast a été mandaté dans le cadre d’une expertise santé au travail.
En attendant, les papiers retravaillés avec l’aide de l’IA sont censés être publiés avec une mention en ce sens, selon Eric Barbier, qui assure que cela n’a pas été le cas depuis le début des essais.
Rappelons qu’en Allemagne, le groupe de médias Axel Springer a annoncé en début d’année des suppressions d’emplois dans ses quotidiens Bild et Die Welt, au motif que l’intelligence artificielle pouvait désormais remplacer les journalistes.
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