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L’Express mise sur la diversification et l’Europe pour se réinventer

L’Express mise sur la diversification et l’Europe pour se réinventer
Interrogé par The Media Leader sur le rejet du dossier L’Express TV par l’Arcom lors des auditions d’attribution d’une fréquence TNT, Alain Weill a exprimé sa perplexité : « Je n’ai pas compris les critères de l’Arcom, j’ai le sentiment qu’on privilégie les acteurs historiques. »

Face à un marché de la presse en mutation rapide, Alain Weill, président de L’Express, et Éric Chol, directeur de la rédaction de L’Express, tracent les grandes lignes de la stratégie du groupe. Diversification des activités, conquête de l’Europe et développement de l’intelligence artificielle sont au cœur de leurs ambitions pour répondre aux défis économiques et éditoriaux.

Un marché en mutation : diversification et rajeunissement des audiences

« Nous pensons que de moins en moins de gens sont prêts à payer pour s’informer », observe Alain Weill, justifiant ainsi la nécessité pour L’Express de s’émanciper de son modèle économique historique. Selon lui, la diversification est une étape incontournable. « On ne peut pas rester uniquement sur son activité historique. Si je devais comparer notre métier avec celui de la mode, notre journal, c’est de la haute couture. Nous voulons nous diversifier comme une marque de mode lance le prêt-à-porter ».

Sur le plan des audiences, le groupe affiche de belles progressions. Éric Scholl note ainsi une augmentation de 6% de l’audience print au second semestre, atteignant 1,2 million de lecteurs, avec un lectorat dont l’âge moyen, désormais de 51 ans, se rajeunit. « Nous avons aussi enregistré une hausse de 22% sur les décideurs et de 12% sur les leaders d’opinion, tout en dépassant les 6 millions de visiteurs sur nos plateformes digitales », ajoute-t-il.

Europe : une expansion ambitieuse en 24 langues

L’un des projets phares de L’Express est le lancement d’une déclinaison européenne. L’Express Europe, prévu pour 2025, ambitionne de couvrir les 27 pays de l’Union européenne avec des contenus disponibles en 24 langues. « Nous devons aller en territoire vierge », explique Alain Weill. Le modèle s’appuiera à 60% sur du contenu produit en interne et vise « quelques milliers d’abonnés par pays ».

L’objectif est clair : contrer la concurrence européenne avant qu’elle ne s’installe sur le marché français. « On va en Europe parce que nos concurrents européens vont venir en France. On a intérêt à se bouger et prendre des initiatives. » Pour le moment, le projet est à l’état de… projet. Des recrutements de journalistes sont envisageables, mais le rôle de l’IA dans la traduction pourrait prendre une place plus importante que prévu. Côté édito, les sujets traités seront ceux de L’Express : éducation, entrepreneuriat, santé… L’Express Europe ne se veut pas uniquement géopolitique, il se dotera d’une palette de sujets divers.

Diversification : des salons virtuels, des événements thématiques mais pas de TV

Pour atteindre un chiffre d’affaires où la diversification représentera plus de 50 % d’ici 2026, L’Express déploie plusieurs projets innovants. Parmi eux, L’Express Connect, une activité de salons virtuels axée sur trois thématiques : franchise et commerce associé, éducation, et emploi cadre. Le groupe mise également sur une série d’événements dédiés à des sujets variés, tels que les startups, les collectivités locales, ou encore la santé et l’éducation. « Nous accélérons sur les événements : une dizaine sont prévus dès 2025, avec des thématiques diverses pour toucher des publics variés », détaille Alain Weill.

Interrogé par The Media Leader sur le rejet du dossier L’Express TV par l’Arcom lors des auditions d’attribution d’une fréquence TNT, Alain Weill a exprimé sa perplexité : « Je n’ai pas compris les critères de l’Arcom, j’ai le sentiment qu’on privilégie les acteurs historiques. » Il a qualifié cette approche de « constat d’échec », rappelant que les promoteurs de la TNT en 2005 (Direct 8 et NRJ12, ndlr) ont été écartés, avant de souligner : « Les nouvelles numérotations continuent d’avantager les acteurs historiques. » Malgré cette décision, le patron du titre a tempéré, à propos du futur du projet, en affirmant qu’il « ne jetait rien à la poubelle ».

Défis technologiques : former à l’IA et s’adapter au numérique

L’intelligence artificielle est une priorité pour le groupe. « Nos prochains défis sont la diversification et le développement de l’IA », affirme Éric Chol. Cela passe par une formation des journalistes à ces nouveaux outils, pour enrichir la production de contenu et répondre aux attentes d’un lectorat exigeant. Sur le plan des abonnements, Alain Weill confirme que la transition numérique est en cours : « On recrute en numérique, mais on perd en papier. 60 % des abonnements papier perdus sont dus à des décès. »

Un contenu premium pour justifier les prix

Malgré la hausse des prix, L’Express tire son épingle du jeu avec des ventes stables face à la concurrence. « Nous devons produire un contenu qui justifie cette augmentation de prix », souligne Alain Weill, rappelant que la qualité éditoriale reste la clé du modèle.

Avec un chiffre d’affaires prévisionnel de 25 millions d’euros en 2024 sans la diversification, le groupe L’Express se donne les moyens de son ambition sans pour autant perdre l’équilibre.

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