«Adieu aux lecteurs» : le quotidien régional L’Echo cesse de paraître
Le quotidien régional de gauche L’Echo, créé il y a 76 ans et publié dans cinq départements du centre-ouest de la France, a sorti mercredi son dernier numéro, fragilisé depuis des années par d’importantes difficultés financières.
Le journal qui avait une édition en Haute-Vienne, en Creuse, en Corrèze, en Dordogne et dans l’Indre, affichait une Une aux allures de faire-part de décès avec un «Adieu aux lecteurs» en gros caractères. «Ce numéro de L’Echo est le dernier», écrivait-il également en Une. «Asphyxié économiquement, votre journal n’aura pas survécu à la crise de la presse.»
Le Tribunal de commerce de Limoges a examiné jeudi après-midi le sort du journal et de ses 42 employés, dont trois-quarts de journalistes, mais il a reporté sa décision à vendredi, selon un salarié, même si la liquidation semblait l’hypothèse la plus probable.
Le journal a été créé en 1943 sous le nom de Valmy ! et diffusé clandestinement pendant la guerre. Il a ensuite été baptisé L’Echo du Centre, puis L’Echo, très ancré à gauche avec une ligne antilibérale et un temps, après guerre, «strict porte-parole du parti communiste», selon son histoire publiée sur son site internet.
En 2012, le quotidien avait été placé en redressement judiciaire avec un étalonnement de la dette.
«Mais avec un déficit d’1,7 million d’euros, il n’a pas pu redresser la barre. On n’a pas réussi à relever le défi», a expliqué à un correspondant de l’AFP Frédéric Sénamaud, gérant non salarié de L’Echo. Pour lui, plusieurs facteurs se sont conjugués : «la baisse des annonces légales qui nous ont fait perdre 800.000 euros par an, la lente érosion du lectorat, à l’image de nos confrères, et puis aussi la crise économique de 2008, où la publicité a fortement diminué».
«Tout le monde reste digne mais on en a gros sur la patate», a-t-il ajouté.
Des lecteurs se sont déplacés mercredi devant le tribunal de commerce pour soutenir le journal, ainsi que le Club de la presse du Limousin. «La disparition de L’Echo, c’est la fin de la pluralité de l’information, aujourd’hui nécessaire dans le cadre du devoir déontologique de bien informer», a déclaré sa présidente, Anne-Marie Muia. «L’Echo était un journal d’opinion qui ne s’en est jamais caché. Un titre qui disparaît, (…) c’est un échec à la liberté d’expression, sacrifiée sur l’autel de l’économie».
«A l’heure où l’offre de quotidiens régionaux se réduit bien souvent à un seul titre sur une grande partie du territoire et alors que la majorité des médias français sont détenus par une poignée de milliardaires (…), nous avons plus que jamais besoin de titres qui font entendre une voix différente», a réagi le SNJ-CGT dans un communiqué, regrettant une «mauvaise nouvelle».
(Avec AFP)
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