Emmanuel Macron espère 25 licornes françaises en 2025
Les grands investisseurs institutionnels français se sont engagés à miser 5 milliards d’euros dans les entreprises de technologies en croissance, s’est félicité mardi Emmanuel Macron qui souhaite que la France compte 25 «licornes», champions valant plus d’un milliard de dollars, d’ici à 2025, contre moins d’une dizaine aujourd’hui.
L’exécutif a sollicité ces derniers mois les investisseurs institutionnels pour qu’ils musclent leurs efforts dirigés vers les jeunes pousses en croissance, celles qui commencent à réussir et ont besoin d’investissements chiffrés en dizaines, voire en centaines de millions.
«La bataille que nous sommes en train de mener» avec cet effort en faveur des nouvelles technologies, «c’est celle de la souveraineté», a indiqué M. Macron devant des patrons de start-up et investisseurs réunis à l’Elysée.
«Si nous ne construisons pas des champions dans tous les nouveaux segments, le digital, l’intelligence artificielle, nos choix ne seront plus souverains» et seront «dictés par d’autres» a indiqué M. Macron, allusion à la Chine et aux Etats-Unis.
Le gouvernement estime que la France a une carte à jouer pour créer de nombreux emplois dans la tech dans les années à venir.
«Aux États-Unis, entre un tiers et la moitié des créations nettes d’emplois sont liées directement ou indirectement à la technologie», alors qu’en France, le ratio est sans doute plus proche de 10%, répète souvent le secrétaire d’État au numérique Cédric O.
Depuis quelques années, les fonds d’investissement français capables de miser jusqu’à plusieurs millions d’euros dans une start-up se sont multipliés. Mais ceux pouvant mettre sur la table une centaine de millions pour une entreprise prometteuse restent très rares.
En juin, un rapport de Philippe Tibi, ancien président de l’association française des marchés financiers, estimait qu’il faudrait créer en France une dizaine de fonds disposant chacun d’un milliard d’euros d’ici trois ans, pour répondre aux besoins.
Faute de trouver des capitaux en France, les jeunes pousses françaises en pleine croissance se tournent souvent vers les fonds d’investissement américains, aux poches plus profondes.
– Nasdaq européen –
Les experts regrettent également l’absence en France ou en Europe d’un marché boursier très dynamique pour les valeurs technologiques, à l’image du Nasdaq américain.
Plusieurs entreprises françaises ou d’origine française ont ainsi choisi ces dernières années de se lancer en Bourse à New York.
C’est le cas du spécialiste français de la publicité ciblée Criteo, introduit au Nasdaq en 2013, ou de l’éditeur de logiciels Talend, en 2016.
«La dernière introduction en Bourse d’une entreprise technologique française à plus d’un milliard d’euros [de valorisation], c’est Dassault Systèmes en 1996», regrettait récemment Cédric O.
Une partie des 5 milliards d’investissement annoncés par le président de la République seront donc consacrés à des investissements dirigés vers les entreprises cotées de la tech, pour accélérer la croissance de l’activité boursière dans ce domaine en Europe.
Pour l’instant, l’opérateur boursier paneuropéen Euronext, qui gère notamment la Bourse de Paris, compte 422 entreprises tech cotées sur l’ensemble de ses marchés, pour une capitalisation boursière atteignant 455 milliards d’euros.
Ces trois dernières années, 86 entreprises tech ont fait leur entrée dans Euronext, pour plus de 25 milliards d’euros de capitaux levés, sans compter l’arrivée fracassante du géant sud-africain de l’internet Prosus la semaine dernière à la Bourse d’Amsterdam.
Après s’être exprimé devant les entreprises françaises, Emmanuel Macron avait convié à dîner à l’Elysée une quarantaine de représentants de grands investisseurs internationaux.
D’autres annonces seront effectuées par l’exécutif mardi soir ou mercredi, à l’occasion du France Digitale Day, un grand rassemblement de start-up et de fonds d’investissements au Musée des Arts forains à Paris.
Le gouvernement dévoilera ainsi la liste des entreprises retenues pour figurer dans le Next 40, regroupant les 40 jeunes pousses les plus prometteuses.
Ces entreprises bénéficieront d’une visibilité accrue : elles seront par exemple favorisées pour se joindre aux voyages officiels du président et des responsables gouvernementaux à l’étranger, explique-t-on à l’Elysée.
Le gouvernement va également prendre des mesures destinées à aider les entreprises à trouver les ingénieurs et techniciens dont elles ont besoin. Il estime qu’il y a environ 80 000 postes non pourvus dans le numérique à l’heure actuelle et que ce chiffre pourrait monter à 200 000 dans les prochaines années.
(Avec AFP)
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