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Emmanuelle Delapierre (Bayard) : « Nous lançons fin novembre, un nouveau magazine papier »

Emmanuelle Delapierre (Bayard) : « Nous lançons fin novembre, un nouveau magazine papier »
Emmanuelle Delapierre, directrice déléguée du secteur grand public de Bayard / Crédits : Géraldine Aresteanu.

INTERVIEW DU LUNDI. Dans un environnement où l’avenir de la presse papier est encore sur toutes les lèvres, le groupe Bayard dynamise ses publications en rafraîchissant son magazine Notre Temps et en lançant un tout nouveau titre. Le groupe ambitionne également de renforcer sa présence sur le numérique et l’audio digitale. Emmanuelle Delapierre, directrice déléguée du secteur grand public de Bayard, nous présente sa feuille de route.

The Media Leader : À partir du 1er novembre 2024, François Morinière deviendra le nouveau président du directoire du groupe, succédant à Pascal Ruffenach. Que cela va-t-il changer pour le groupe ? Qu’en attendez-vous ?

Emmanuelle Delapierre : Pour l’instant, rien n’a encore débuté. C’est un changement pour Bayard, mais il n’y a eu aucune communication précise sur les impacts possibles pour nos activités. Nous restons concentrés sur nos objectifs, en particulier avec Notre Temps et Le Pèlerin.

The Media Leader : Vous venez de lancer une nouvelle formule de Notre Temps

E.D : La nouvelle formule a été lancée le 7 octobre. Nous y travaillions depuis un certain temps. Notre Temps est un leader sur son marché, et nous voulions valoriser encore plus son contenu. Nous avons aussi voulu fidéliser nos plus de 300 000 abonnés tout en conquérant de nouveaux lecteurs, notamment ceux qui sont dans une phase de transition vers la retraite.

Le magazine, créé en 1968, s’adressait initialement aux retraités, qui à l’époque restaient en retraite environ 7 ans. Aujourd’hui, cette période dure en moyenne 27 ans. Nous devons donc suivre les évolutions de vie et adapter notre contenu aux attentes actuelles. Nous avons décidé d’être un peu disruptifs tout en conservant nos fondamentaux, comme le cahier des droits. Ce changement a été bien perçu, et nous n’avons pas déstabilisé nos lecteurs, ce qui était notre priorité.

Nous avons un numéro bien rempli avec une quarantaine de pages de publicité. Nous espérons que cela se poursuivra, mais le marché publicitaire est toujours compliqué.

The Media Leader : Vous avez lancé des podcasts en parallèle de cette nouvelle formule. Comment le groupe aborde la stratégie audio digitale ? Quels sont les projets ?

E.D :  Oui, nous avons lancé une série de podcasts, notamment au moment des débats sur la fin de vie. Ils ont eu de bons retours, et nous avons décidé de poursuivre avec des podcasts autour des transitions de vie, comme le passage à la retraite ou devenir grand-parent.

Nous espérons continuer. Nous travaillons avec un partenaire, Audience, et nous cherchons à développer davantage ce format. Le digital fait partie de notre stratégie, et l’audio nous permet d’accompagner nos lecteurs dans leur quotidien.

The Media Leader : Le marché de la presse est difficile aujourd’hui. Le groupe Bayard a annoncé la cession des titres de son pôle « Nature et territoires », pour se concentrer sur ses « grands secteurs éditoriaux ». Quelle est votre stratégie ? 

E.D : Le marché du print est en baisse, mais il est essentiel de s’adapter aux attentes du public. Nous avons également une forte présence digitale, mais nous n’avons pas encore trouvé un modèle économique sur le digital qui soit aussi rentable que le print.

Nous lançons un nouveau magazine en novembre, Walp, en collaboration avec Nance et Mouts, les créateurs de l’émission Nus et Culottés.

Ce projet est un prolongement de leurs aventures, tout en restant aligné avec les valeurs de Bayard : lien social, espérance, émerveillement. Ce sont des notions que nous voulons remettre au centre, comme on a pu le voir aussi avec les Jeux olympiques. Walp sera un magazine optimiste et tourné vers les autres.

Nous visons un public large, toutes générations confondues. Les jeunes trentenaires, voire même les vingtenaires, s’y retrouveront à travers des thématiques de voyage et de découverte. Mais les plus âgés, qui sont déjà spectateurs de l’émission, s’y reconnaîtront aussi. La cible est très large, mais elle partage un désir d’espoir et de rencontres humaines.

Walp est une aventure parallèle, mais elle s’inscrit dans notre démarche d’élargir notre public tout en restant fidèle à nos valeurs. La rencontre avec Nance et Mouts a naturellement mené à ce projet. Nous devons nous renouveler en permanence, comme nous l’avons fait avec la nouvelle formule de Notre Temps.

Il n’y aura pas de publicité dans Walp. Ce sera un magazine trimestriel vendu par abonnement, et une campagne sera lancée sur Ulule. Le premier numéro sortira le 22 novembre avec une pagination de 116 pages.

The Media Leader : Comment se porte Le Pèlerin ?

E.D : Le Pèlerin se porte bien. Il est bénéficiaire, et nous avons environ 100 000 abonnés, ce qui est impressionnant dans le contexte actuel. Nous avons également de bons résultats en digital, avec plus de 300 000 visiteurs uniques sur notre site.

The Media Leader : Le groupe a été touché récemment par une cyberattaque. Quels enseignements avez-vous tirés de cette crise en termes de gestion et de sécurité numérique ?

E.D : Bayard a été victime d’une cyberattaque, mais nous avons rapidement géré la situation avec l’aide de spécialistes. Tout est rentré dans l’ordre, bien que La Croix n’ait pas pu paraître pendant un jour.

The Media Leader : Quels sont vos projets en matière de vidéo ?

E.D : La vidéo n’est pas notre priorité, nous avons pris du retard dans ce domaine. Ce n’est pas un axe stratégique fort pour Notre Temps ou Pèlerin pour l’instant.

The Media Leader : Avec l’arrivée de l’IA dans les rédactions, quel est son impact chez vous ?

E.D : Nous avons mis en place une charte pour encadrer l’usage de l’IA. Elle ne remplace pas les journalistes, mais elle peut les aider à gagner du temps. Nous structurons actuellement son usage, que ce soit pour les rédactions ou d’autres départements comme le marketing.

Nous cherchons à structurer les données et à optimiser des processus dans des secteurs comme le service client et la finance. L’IA peut nous aider, mais il est encore trop tôt pour définir une stratégie globale.

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