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Fabien Namias : «Repositionner BFMTV comme la référence de l’information»

Fabien Namias : «Repositionner BFMTV comme la référence de l’information»
Fabien Namias au micro de François Quairel aux Mediadays à Marseille.

À l’occasion des Mediadays by Havas à Marseille, en partenariat avec The Media Leader, Fabien Namias, directeur général de BFMTV, a détaillé sa stratégie deux mois après son arrivée à la tête de la chaîne d’information acquise cet été par CMA CGM. Attaqué sur son leadership par CNews, BFMTV remet à place ses formats et va lancer un journal de 20 heures dès le 6 janvier pour se différencier et concurrencer TF1 et France 2.

The Media Leader : Vous êtes à la tête de BFMTV depuis quelques mois. Pourquoi avoir accepté ce poste et qu’est-ce qui vous attire dans ce projet ?

Fabien Namias : Diriger BFMTV, c’est un immense privilège et une responsabilité unique dans le paysage médiatique français. Créée il y a presque 20 ans, BFMTV est devenue une marque incontournable, au même titre que TF1 ou France Télévisions. C’est une chaîne pionnière qui a su inventer un modèle, celui de l’information continue en France, grâce à la vision d’Alain Weill.

Ce qui m’a attiré, c’est l’opportunité de contribuer à ce modèle et de l’adapter aux défis contemporains. BFMTV, ce n’est pas seulement une chaîne d’information, c’est un écosystème global : une rédaction de 400 journalistes, un site web extrêmement puissant, des réseaux sociaux avec des millions de followers, et maintenant BFMTV 2, notre plateforme pour les actualités complémentaires.

Mon ambition est de renforcer cette position de leader en revenant à l’essence même de l’information : la rapidité, la fiabilité et le terrain. Nous devons être partout, tout le temps, mais surtout donner du sens à l’actualité.

The Media Leader : Vous lancez un JT de 20 heures en janvier prochain. Pourquoi ce choix stratégique, et comment ce format s’inscrit-il dans votre vision pour BFMTV ?

Fabien Namias : Le carrefour de 20 heures est un moment clé pour l’information : chaque soir, plus de 11 millions de Français regardent les JT de TF1 et France 2. Pendant longtemps, BFMTV ne s’y positionnait pas directement. Mais aujourd’hui, avec l’ampleur de notre rédaction et notre savoir-faire, nous avons les moyens d’offrir une alternative forte.

Ce journal de 20 heures ne sera pas une copie des JT des chaînes historiques. Il portera l’ADN de BFMTV : une hiérarchisation claire de l’actualité, une ouverture sur l’international, et une place importante accordée au reportage et au décryptage. Nous voulons offrir une fenêtre sur le monde, que ce soit au coin de la rue ou à l’autre bout du globe, sans céder à l’excès de débat et de polémique qui domine parfois d’autres chaînes.

The Media Leader : BFMTV a récemment perdu sa place de leader d’audience au profit de CNews. Est-ce un enjeu majeur pour vous ?

Fabien Namias : L’audience est bien sûr un indicateur important, mais ce n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est notre mission : offrir une information fiable, rapide et hiérarchisée. CNews a choisi une autre voie, celle du débat et de la polémique, souvent par défaut de moyens. Chez BFMTV, nous avons une force que peu d’autres chaînes possèdent : la capacité d’envoyer des équipes sur le terrain, en France comme à l’international.

Notre stratégie repose sur le renforcement de nos fondamentaux. Moins de blabla, plus de terrain. C’est dans cette optique que nous investissons dans des formats comme le JT de 20 heures ou des reportages longs, qui ont déjà été salués, comme en témoigne le Prix Bayeux reçu récemment.

The Media Leader : L’ARCOM envisage de regrouper les chaînes d’information sur la TNT. Vous y êtes opposé. Pourquoi ?

Fabien Namias : Ce projet, à nos yeux, est une mauvaise idée. D’abord, parce qu’il va à l’encontre des habitudes des téléspectateurs : 81 % des Français sont opposés à un changement de numérotation, selon une étude Ipsos récente (commandée par BFMTV, NDLR). Ensuite, cela affaiblirait BFMTV en créant une distorsion de concurrence.

BFMTV est la seule chaîne de la TNT qui a massivement investi dès le départ. Nous avons une rédaction de 400 journalistes, la plus importante de la TNT, et nous couvrons des événements sur le terrain, contrairement à d’autres chaînes qui se concentrent sur des débats en plateau. Réorganiser la numérotation mettrait en péril cette capacité d’investissement, qui est essentielle pour garantir une information de qualité.

The Media Leader : Dans un contexte où les investissements publicitaires se tournent de plus en plus vers les plateformes numériques, comment convaincre les annonceurs de continuer à investir dans des médias comme BFMTV ?

Fabien Namias : C’est un enjeu crucial. Si les annonceurs délaissent les médias traditionnels pour les GAFA, cela affaiblira non seulement les chaînes comme BFMTV, mais aussi l’ensemble de l’écosystème médiatique français.

Les plateformes numériques, aussi puissantes soient-elles, sont des terrains fertiles pour les fake news, le complotisme et les dérives de l’intelligence artificielle. En revanche, des médias comme BFMTV offrent une information vérifiée, régulée et soumise à des contrôles stricts. C’est ce modèle que nous devons défendre, car il garantit une information fiable et accessible, essentielle pour le bon fonctionnement de notre démocratie.

Nous appelons donc les annonceurs à continuer à investir dans les médias traditionnels. Ce n’est pas seulement une question de rentabilité publicitaire, c’est une question de responsabilité collective.

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