Réussir à transformer par la contrainte, de haut en bas, une société, des comportements humains et des valeurs ancrés depuis des décennies ou des siècles, est-ce que ça peut marcher ? Même pour une cause qu’on considère comme légitime ?
C’est LA question que pose aujourd’hui la transition écologique : la cause est bonne, mais la manière de parvenir aux objectifs que tous approuvent reste en question. Tout le monde va devoir changer, c’est entendu, mais… Qui commence ? Il va falloir renoncer à certaines de nos habitudes, on est d’accord, mais… Lesquelles ? Vivre différemment demain, bien sûr puisque l’urgence environnementale le commande, mais… Si personne n’en a envie, on fait comment ?
C’est parce que ces questions conditionnent notre avenir que le métier des études, et particulièrement celui des études qualitatives, est plus que jamais utile, nécessaire, critique. Car comment réussir à convaincre le corps social qu’il faut changer et que ce changement peut être apprivoisé, et même bénéfique, si on ne sait pas quel langage lui parler ? Quel langage – c’est-à-dire quel imaginaire, quelles valeurs, quels rêves – parler pour qu’il écoute, et qu’il agisse ?
C’est ce travail que nous avons mené, grâce à un collectif de clients partenaires – SNCF, ENGIE, CITEO, Groupe Rocher, Sodebo, BPCE -, avec 176 Français des classes moyennes qui ont accepté de devenir pendant 2 semaines, le temps d’une étude, des désirologues. En mode collaboratif – ouvrir une conversation collective permettant de tracer un chemin dans lequel chacun pourra trouver son chemin. Et en mode créatif – s’aventurer avec eux en terre inconnue à partir d’un présent connu, dessiner ce à quoi demain pourrait ressembler si on le réussissait ensemble, en libérant leur capacité de rêve. Et en demandant à l’IA (en collaboration avec le département d’expérimentations créatives Art&Stories de Prodigious), de mettre en image les histoires de transition écologique réussie qu’ils ont eu envie de partager.
Un travail qui nous a permis de redécouvrir trois choses. D’abord, l’intérêt de parier sur l’intelligence collaborative, et la capacité à nous surprendre de Français aptes à se transformer en scénaristes du futur, avec un enthousiasme très loin de leur pessimisme proverbial. Ensuite, le pouvoir de la prospective collaborative, pour comprendre comment construire demain avec les gens et non contre eux. Enfin, qu’entendre ce qui change est plus que jamais notre métier – et que c’est le plus beau métier du monde quand il signifie mettre l’imagination au pouvoir.
Par Véronique Langlois & Xavier Charpentier, co-fondateurs de FreeThinking
The Media Leader n’a pas participé à la rédaction de ce contenu.
