CMA Média, la filiale de l’armateur CMA CGM, organise les premières Rencontres Internationales des Médias, le 4 juillet prochain à Marseille, en partenariat avec The Media Leader. Outre Rodolphe Saadé, président de CMA CGM et Nicolas de Tavernost, plusieurs grandes personnalités sont attendues dans la cité phocéenne, comme Sibyle Veil, PDG de Radio France, Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Hubert Coudurier, PDG du Télégramme, Jean-Paul Philippot, CEO de la RTBF ou Sébastien Missoffe, président de Google France. Jean-Christophe Tortora, dirigeant de CMA Média et président de La Tribune, a répondu à nos questions.
The Media Leader : CMA Média organise les premières Rencontres Internationales des Médias à Marseille le 4 juillet. Pourquoi ?
Jean-Christophe Tortora : D’abord, nous avons souhaité lancer cette initiative à Marseille. Par son implantation, la ville joue un rôle puissant dans la Méditerranée qui est le berceau de l’humanité mais aussi de l’innovation. Cet événement est à dimension internationale autour des enjeux des médias, c’est-à-dire, bien sûr, les médias français, européens, mais aussi africains et du Moyen-Orient. Nous avons souhaité le faire en partenariat avec les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence qui démarrent le lendemain. C’est un rendez-vous organisé par le Cercle des Économistes de France qui est très important pour les milieux économiques et mobilise plus de 5 000 participants chaque année. L’idée était donc de profiter de cette effervescence pour initier quelque chose à Marseille autour du sujet des médias. Enfin, cette première édition aura lieu à Tangram, un nouveau centre d’excellence, d’innovation et de formation continue, inauguré il y a quelques jours par Rodolphe Saadé (président de CMA CGM) et le Président de la République,
The Media Leader : Le thème est « Relier les Mondes ». Quel est le trait d’union dans les médias aujourd’hui, en 2024, entre la France, les pays européens et de la Méditerranée ?
JC.T. : Oui, « relier les mondes » c’est aussi le thème des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence. C’est bien sûr, relier les continents et les territoires. Mais, c’est aussi une dimension générationnelle. Un thème qui arrive à un moment où l’on parle beaucoup de la fragmentation du monde. Nous allons donc réunir des médias à la fois étrangers et français, du Maghreb, espagnols, belges avec des enjeux d’innovation, de technologie, d’intelligence artificielle, mais aussi en matière de démocratie et d’indépendance des médias. Nous verrons ce qui nous relie réellement dans cette industrie des médias et sur quoi nous pouvons collaborer ensemble.
The Media Leader : Cet événement va se percuter avec l’entre-deux tours des élections législatives…
J.C.T. : En effet, il y aura cette actualité, dont on ne peut pas faire abstraction. Tous nos invités et intervenants étrangers regardent avec intérêt ce qui se passe en France. Mais cette actualité ne peut pas uniquement polariser cette journée puisque tous les médias qui viennent aussi vont parler de leurs sujets. Évidemment, nous parlerons d’indépendance des pouvoirs politiques et économiques. Les sujets que nous poserons seront à la fois valables, quel que soit la nouvelle majorité qui sortira du Parlement français, en matière d’indépendance, de technologie ou de formation. On connait la difficulté pour nos journalistes à exercer leur profession, face à un certain nombre de pressions en France et à l’étranger. Je pense que cela sera aussi peut-être l’occasion de rappeler le rôle des médias et des journalistes dans nos démocraties. J’ai appelé certains patrons de médias ces derniers jours pour leur demander si nous devions maintenir. Bien au contraire, ils estiment que c’est une occasion de porter des messages sur le rôle de notre industrie et l’importance des médias dans une démocratie. Ce 4 juillet sera, je l’espère, une journée riche en débats, en prospective et utile pour tous les participants.
The Media Leader : Parmi les speakers, Sibyle Veil, présidente de Radio France, sera présente. Le RN évoque la privatisation de l’audiovisuel public s’il gagne les élections. Alors que le groupe CMA CGM investit massivement dans les médias, que vous évoque ce projet qui pourrait déstabiliser l’écosystème des médias, notamment publicitaire ?
JC.T. : Il faut déjà attendre le résultat du deuxième tour. On peut en effet essayer de faire un peu de fiction, en écoutant les déclarations des uns et des autres. Je veux juste rappeler aujourd’hui l’utilité du service public, dans sa composante et son pluralisme. Il y a quelques jours, on parlait d’une réforme et maintenant d’une privatisation. Sibyle Veil a souhaité maintenir sa venue, quel que soit le résultat du scrutin, pour rappeler l’utilité du service public. De notre côté, nous défendons le pluralisme : il faut des opérateurs privés et des opérateurs publics puissants. Cet équilibre participe à la richesse et la diversité, il permet d’investir dans les contenus et dans les territoires.
The Media Leader : Dans votre projet de rachat d’Altice Media mais également récemment dans votre groupe à La Provence, où vous avez connu une grève récemment, l’indépendance des médias est centrale… Quel est l’engagement de CMA Média ?
JC.T. : Notre engagement est total. L’indépendance de nos rédactions est clé dans la crédibilité de nos médias avec nos lecteurs.
Vous faites référence à la crise de La Provence, elle nous a appris à mieux dialoguer. Dans une entreprise, on peut tous être confrontés à des crises. L’essentiel est de pouvoir la surmonter et savoir partir de l’avant pour bâtir l’avenir.
Fort du travail depuis plusieurs mois entre la direction et les syndicats, je suis optimiste d’un accord prochain d’une nouvelle charte d’indépendance avec les syndicats de La Provence. Il y a chez les journalistes de La Provence une envie de réussir. C’est pourquoi nous sommes très motivés à les accompagner dans un projet industriel et éditorial ambitieux pour la région. Le retour de La Provence dans un nouveau siège au coeur de Marseille « Grand Central » à la rentrée de septembre en ait la meilleure preuve.
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