La Disparition, nouveau média épistolaire directement expédié chez ses abonnés
À l’heure des réseaux sociaux, du tout internet et de l’instantanéité, deux journalistes trentenaires font le pari un peu fou de lancer un média épistolaire, La Disparition, qui arrivera directement dans la boîte aux lettres de ses abonnés à la mi-janvier.
«L’idée de La Disparition est née pendant le premier confinement, lorsqu’on s’est rendu compte que des choses gravées dans le marbre pouvaient disparaître du jour au lendemain», raconte à l’AFP François de Monès, co-fondateur du nouveau média avec Annabelle Perrin.
Qu’il s’agisse de services publics, de la biodiversité, de quartiers, de métiers ou de maladies, «on a découvert qu’il y avait plein de disparitions qui devaient se raconter» mais pas question de le faire sur un site internet : «Ce serait assez antinomique, la presse papier étant elle-même en voie de disparition», reconnaît-il.
C’est alors que le format de la lettre s’impose. «Quasiment plus personne ne s’écrit de lettres aujourd’hui. La boîte aux lettres, c’est pour les factures et les publicités», déplore le co-fondateur. «On a donc voulu la faire revivre parce que c’est plus personnel, plus intime et ça crée plus de lien entre le lectorat et le média», estime-t-il.
Pour 11 euros par mois sans engagement, l’abonné de La Disparition recevra donc tous les quinze jours chez lui une lettre de 7 à 12 pages dans laquelle l’auteur (poète, journaliste, dramaturge ou romancier) se met en scène dans une aventure qui raconte une disparition.
La première lettre, écrite par le journaliste Quentin Müller, évoquera la disparition d’un arbre sur une île au large du Yémen.
Ce format tout papier peut notamment se révéler populaire en période de crise sanitaire, analyse le journaliste. «Quand toute la vie sociale s’est rabougrie, la lettre s’est imposée comme possibilité d’échappatoire assez jolie, littéraire et même romantique», dit François de Monès.
«C’est vrai qu’avec le Covid, il y a une lassitude envers le numérique. Les gens ont énormément consommé et il y a presque un paradigme de la fatigue oculaire», analyse l’historien des médias Fabrice d’Almeida, relevant que le nouveau média épistolaire s’apparente à la tradition journalistique très ancienne des «courriers».
(Avec AFP)
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