« LaFA » : union historique des acteurs audiovisuels face à la montée des plateformes
France Télévisions, TF1, M6 et l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel de l’hexagone, se sont unis via une association « LaFA », mercredi, pour se faire entendre face, notamment, à la concurrence des plateformes américaines, en particulier la plateforme YouTube.
Naissance de « LaFA »
« Notre historique, c’est que notre secteur était plutôt divisé, mais nous faisons face à des mouvements tectoniques », a brossé Rodolphe Belmer, à la tête du groupe TF1, pour présenter l’acte de naissance de « LaFA » au siège parisien de sa chaîne.
« Pour que je sois présent ici, il faut que le moment soit solennel », a souri Guillaume Charles, directeur général des programmes de M6, un des concurrents de TF1. Il était assis non loin de Delphine Ernotte Cunci, présidente du groupe France Télévisions, figure d’un service public qu’on oppose généralement au secteur privé.
« LaFA », soit « La Filière Audiovisuelle », est une association loi 1901, dont M. Belmer est président pour une durée de deux ans. C’est lui qui a eu l’idée de cette union sacrée cet été et il l’avait présentée dans les grandes lignes au Festival de la Fiction de La Rochelle en septembre.
Les objectifs sont de « garantir la diversité et le renouvellement de la création » et « assurer le rayonnement de l’exception culturelle française » selon un texte commun des signataires.
Outre les chaînes déjà citées, y émargent les principales organisations de gestion collective de droits (d’auteurs, propriété intellectuelle, etc.) — l’Adami, la Sacd, la Sacem, la Scam -, ainsi que les syndicats de producteurs – Anim France, le Spi et l’Uspa. Les dirigeants de ces entités étaient également présents face à la presse dans l’auditorium de TF1 mercredi.
« Perturbateur sur le marché »
Les périls qui ont décidé les membres de « LaFA » à s’unir sont les géants américains d’internet, en particulier YouTube. Ce dernier a été taxé par Samuel Kaminka, président d’Anim France, d’être « perturbateur sur le marché, pas soumis aux mêmes règles d’équité ».
« YouTube n’est pas soumis aux mêmes obligations de création » audiovisuelle, a renchéri Iris Bucher, présidente de l’Uspa.
L’ambition de « LaFA » est de se faire entendre des autorités de tutelles (législateur, régulateur, etc.) au niveau français et surtout européen.
« Les instances européennes achètent les positions consensuelles, il est plus efficace de parler auprès de ces instances d’une seule voix », a insisté Delphine Ernotte Cunci, pour France Télévisions.
Dans le manifeste signé par les membres fondateurs de « LaFA », il est beaucoup question entre les lignes de réglementation ou déréglementation.
On y lit ainsi qu’il faut « favoriser le développement des acteurs privés de la TNT en clair en levant les restrictions réglementaires qui les contraignent sur le terrain de la publicité TV dans un contexte d’affaiblissement du marché et de concurrence exacerbée par les acteurs internationaux ».
« Secteurs publicitaires interdits »
Sont ici visés des « hébergeurs », devenus « distributeurs de programme », comme YouTube, pointe Guillaume Charles. Ces « acteurs mondiaux », aux yeux du responsable de M6, profitent de « secteurs publicitaires interdits » aux chaînes de télévisions françaises. Comme la publicité pour la grande distribution.
Au-delà de l’aspect économique, d’autres préoccupations traversent « LaFA ». « En termes de protection de l’enfance, il est préférable de guider un jeune public vers les chaînes françaises, réglementées, plutôt que vers des univers déréglementés », souligne ainsi Samuel Kaminka.
Delphine Ernotte Cunci met en avant « un modèle français à défendre », avec un écosystème basé sur des audiovisuels public et privé forts.
« Est-ce qu’en Ukraine le financement de l’audiovisuel a été réduit, alors qu’il y a d’autres sujets ? Non. En temps de guerre, avoir des médias publics et privés forts est une question de survie », a martelé la dirigeante de France Télévisions.
« LaFA » a vocation à agglomérer « toutes les bonnes volontés », précise Rodolphe Belmer. La chaîne Arte, dans le public, et le Spect, syndicat de producteurs, doivent rejoindre prochainement l’association.
Quid de Canal+, gros acteur du privé et concurrent de TF1 ? « L’appel à nous rejoindre à La Rochelle était public », s’est contenté de répondre Rodolphe Belmer.
À lire aussi
Audiovisuel public et privé veulent s'organiser en filière, face à la concurrence
Concurrence des plateformes, incertitude sur le financement de l'audiovisuel public...: les acteurs de l'audiovisuel, public comme privé, veulent s'organiser en filière, dans l'idéal vers la « mi-octobre », a indiqué vendredi Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1, à La Rochelle.
À lire plus tard
Vous devez être inscrit pour ajouter cet article à votre liste de lecture
S'inscrire Déjà inscrit ? Connectez-vous