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Lancement de Copilot Daily : un tournant pour l’industrie de l’information ?

Lancement de Copilot Daily : un tournant pour l’industrie de l’information ?
Copilot Daily s’appuiera exclusivement sur des sources autorisées, comme Reuters, Axel Springer, Hearst Magazines, USA Today Network et le Financial Times.

Copilot Daily de Microsoft permettra aux utilisateurs d’accéder à des résumés générés par IA sur les actualités et la météo, marquant une étape dans l’utilisation de l’intelligence artificielle pour le secteur de l’information.

Une annonce discrète mais significative

Début octobre, dans le cadre d’une annonce plus large sur ses nouvelles fonctionnalités d’IA, Microsoft a révélé Copilot Daily, un service permettant de « commencer votre journée avec un résumé des actualités et de la météo, lu par votre voix préférée de Copilot ».

Copilot Daily s’appuiera exclusivement sur des sources autorisées, comme Reuters, Axel Springer, Hearst Magazines, USA Today Network et le Financial Times. Microsoft rémunère les éditeurs pour l’utilisation de leur contenu, bien que les termes de ces accords restent flous.

Cette annonce, bien que modeste, est un moment important pour l’industrie de l’information. L’IA générative, capable de créer des services d’information personnalisés, devient désormais un outil exploité par un acteur majeur du secteur avec une rémunération attachée pour les créateurs de contenu.

Les nouveaux défis de l’intermédiation

Cette évolution est cruciale pour trois raisons principales. D’abord, elle introduit de nouveaux risques liés à l’intermédiation des contenus. Ensuite, ces risques mettent en lumière des décisions stratégiques essentielles pour les éditeurs concernant la gestion des licences à l’ère de l’IA. Enfin, elle accentue la pression sur Google, déjà en délicatesse avec les éditeurs au sujet de ses propres “AI Overviews”.

Jusqu’à présent, l’IA a perturbé les flux de trafic générés par les recherches via deux mécanismes. D’une part, l’intégration par Google des “AI Overviews” dans ses résultats de recherche réduit le besoin des utilisateurs de visiter directement les sites d’information. D’autre part, de plus en plus de consommateurs adoptent des outils d’IA à la place des moteurs de recherche. Une enquête récente menée par The Information révèle que 77 % de ses lecteurs utilisent des outils d’IA générative au lieu de la recherche, et plus d’un quart le font dans la majorité des cas.

Le déclin du trafic direct à prévoir

En conséquence, les éditeurs doivent s’attendre à une baisse structurelle du trafic venant de Google. Cependant, avec Copilot Daily, Microsoft pourrait perturber un autre type de trafic : celui des visiteurs qui accèdent directement aux sites des éditeurs.

Actuellement rudimentaire, Copilot Daily pourrait devenir plus puissant en intégrant des informations telles que votre agenda, vos emails, vos tâches du jour, vos chroniqueurs favoris ou encore les actualités qui vous intéressent particulièrement. Un tel outil pourrait permettre à un utilisateur de recevoir un briefing personnalisé sans avoir besoin de consulter directement les sites d’information.

Cela dit, la consultation des pages d’accueil ou des applications d’information ne disparaîtra pas. Les utilisateurs continueront de voir de la valeur dans la sélection éditoriale proposée par les éditeurs. Cependant, la perte d’engagement due à l’utilisation croissante de ces outils d’IA pèsera directement sur le trafic des sites, qui reste un indicateur clé de la résilience des éditeurs dans un environnement concurrentiel.

Vers un modèle de revenu centré sur les licences

Face à ces changements, les éditeurs doivent réévaluer leurs priorités stratégiques. Il semble inévitable qu’une plus grande part de leurs revenus provienne de la licence de contenu pour des services orientés utilisateurs. La question devient alors : à quoi ressemble un bon accord de licence aujourd’hui, et comment équilibrer les avantages de portée et de marque avec les risques de substitution ?

Les éditeurs doivent aussi se poser des questions plus spécifiques : quel contenu peut être résumé ? Pendant combien de temps ces résumés doivent-ils être accessibles ? Faut-il négocier une clause de résiliation ou une exclusivité par catégorie ? Et surtout, quel est un prix juste pour ces accords ?

Bien que ces décisions soient difficiles à prendre actuellement, il est crucial pour les éditeurs de réfléchir à ces enjeux et d’anticiper la trajectoire de cette technologie. Le défi sera de trouver un équilibre entre une audience fidélisée, monétisée par l’engagement sur les plateformes propriétaires, et une audience périphérique, monétisée par des accords de licence avec des services intermédiaires.

Un défi pour Google

Enfin, cette initiative de Microsoft met Google sous pression. Les régulateurs et les éditeurs se demanderont pourquoi, si Microsoft paie pour résumer le contenu, Google ne devrait pas faire de même. Google, grâce à sa position dominante dans la recherche en ligne, n’a pas jusqu’à présent été contraint de verser des paiements, mais cette situation pourrait évoluer.

À moyen terme, il devient difficile pour Google de justifier qu’il ne paiera pas pour l’utilisation de contenu dans ses “AI Overviews” ou même dans ses résultats de recherche traditionnels. L’émergence de marchés de licences pour ces technologies d’IA pose également la question de l’avenir de la recherche en ligne : verra-t-on la recherche conventionnelle se concentrer sur des requêtes commerciales, tandis qu’une nouvelle couche de services, alimentée par du contenu sous licence, deviendra le principal accès à l’information ?

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