Le gouvernement britannique s’attaque au financement de la BBC
Le gouvernement britannique a annoncé jeudi un gel de deux ans de la redevance audiovisuelle et mis en doute la survie même de ce mode de financement de la BBC, une mesure dénoncée comme une attaque politique au moment où Boris Johnson est englué dans les scandales.
«La BBC est une grande institution nationale qui occupe une place unique dans notre patrimoine culturel (…) mais à une époque où les familles sont confrontées à une forte augmentation du coût de la vie, nous ne pouvions tout simplement pas demander aux ménages qui travaillent dur de payer encore plus pour leur redevance TV», a déclaré devant les députés la ministre de la Culture Nadine Dorries.
C’est pourquoi la ministre a annoncé que le prix de la redevance, que la BBC voulait selon elle augmenter à 180 livres, serait gelée à 159 livres (190 euros) jusqu’en 2024, puis qu’elle «augmenterait en fonction de l’inflation pendant les quatre années suivantes».
Au-delà de cet accord, Mme Dorries a dit s’interroger sur «le modèle de financement de la BBC à long terme», après avoir laissé entendre sur Twitter pendant le week-end qu’elle voulait supprimer la redevance après 2027.
Cette mesure a provoqué un tollé tant la BBC est une institution au Royaume-Uni, qui traverse une période délicate entre difficultés à rajeunir ses audiences, vives critiques du pouvoir sur son supposé manque d’impartialité et restrictions budgétaires qui ont déjà provoqué des coupes massives dans ses coûts ces dernières années.
Se disant «déçus» dans un communiqué, Richard Sharp et Tim Davie, respectivement président et directeur général du groupe audiovisuel, ont défendu une redevance représentant «un excellent rapport qualité-prix».
«Un gel au cours des deux prochaines années signifie que la BBC devra désormais absorber l’inflation», ont-il ajouté, relevant que les «revenus de la BBC pour ses services britanniques sont déjà inférieurs de 30% en termes réels à ce qu’ils étaient il y a dix ans».
Selon les médias, cette annonce fait partie d’une série de mesures aux accents populistes surnommées «Opération os à ronger» («Operation Red meat») devant permettre au Premier ministre Boris Johnson de reconquérir sa base. Il traverse sa pire crise depuis son accession au pouvoir à l’été 2019, du fait de révélations sur des fêtes organisées à Downing Street alors que le Royaume-Uni vivait sous de strictes contraintes sanitaires.
Relayant les inquiétudes de nombreuses personnalités comme l’acteur Hugh Grant, la députée de l’opposition travailliste Lucy Powell, chargée des questions culturelles, a dénoncé une «vendetta» contre la BBC.
(Avec AFP)
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