Les études de consultants ou la désinformation
Alexandre Dreyfus, dirigeant de Chilipoker (groupe Chiligaming) a publié une tribune libre sur son blog qui interpelle différents consultants sur leur vision et analyse des jeux en ligne.
Une fois n’est pas coutume, j’ai envie d’écrire pour me plaindre d’une situation qui m’exaspère. Désolé, mais je vais être très direct voire incisif. Depuis plusieurs années, des «consultants» illégitimes, n’ayant aucune expérience dans notre industrie, publient des études, rapports ou autres qui ont malheureusement été utilisés pour écrire des lois, faire des business plans (pour ceux qui n’y connaissent rien), justifier des actions de parlementaires, etc…
Il faut que cela s’arrête, et maintenant. Cela nuit à la profession, au régulateur ainsi qu’aux journalistes qui sont naïfs et qui reproduisent sans vérifier ces informations.
Dans la dernière édition du «Jeu en ligne pour les Nuls».
Ci-dessous un extrait :
«Le chiffre d’affaires du marché du poker en ligne : 573 millions d’euros (412 pour les tournois et 161 millions pour le cash game).
Le nombre de joueurs qui jouaient sur les sites illégaux avant l’ouverture : 600000.
1 à 200000 joueurs de poker insatisfaits de l’offre française se rabattent sur les sites illégaux, au détriment du marché du poker français et donc des opérateurs français».
puis plus bas :
«Cependant, ce marché aurait pu être de l’ordre de 25% au-dessus de son niveau actuel. En effet, la législation très contraignante conduit de 2 ou 300000 joueurs qui ne sont pas satisfaits de l’offre du marché français, à jouer sur les sites illégaux (du fait des limites de la capacité à bloquer les sites illégaux). Cette perte de part de marché pénalise les opérateurs, qui du coup, se retrouvent trop nombreux sur un marché amputé d’une part significative de son potentiel».
ou encore :
«- Le type de variantes de poker est limité.
– Le taux de retour au joueur est limité à 85%, contre 92% à l’étranger.
Le résultat, c’est qu’un nombre significatif des joueurs continuent à fréquenter les sites illégaux».
Je suis scandalisé des informations que je viens de reproduire. J’espère pour Monsieur Merlin que c’est un stagiaire non rémunéré qui a écrit ce communiqué de presse et/ou les informations qui en sont tirées. Comment peux-t’on publier de telles informations ? Mieux, appeler cela une analyse ?
En écrivant cela, je sais que de nombreux PROFESSIONNELS de l’industrie vont me remercier de dire tout haut ce que l’on pense tout bas depuis des mois ! Pour en avoir parlé avec eux régulièrement, j’ai décidé de le clamer pour nous tous.
«Arrêtez avec ces études infondées et ces chiffres que vous ne comprenez pas !».
D’ailleurs, Monsieur Merlin et consors, je vous invite à faire un stage dans une entreprise de jeu en ligne, en France où à l’étranger, pour comprendre l’industrie dont vous êtes un soit-disant expert. Je vous accueillerais avec plaisir à Malte, mais si cela fait trop loin, je demanderais à mes confrères de vous reçevoir à Paris. Je pense qu’il est temps pour vous (tous) d’étudier, avant de publier. Comme disait mon père à propos de chercheurs : «il y a ceux qui cherchent et ceux qui trouvent».
Concrètement, on parle de chiffre d’affaires ? Qu’est-ce que le chiffre d’affaires dans une entreprise de poker ? C’est le produit brut des jeux. C’est le rake (rateau) qui est collecté par le site de poker en ligne sur les tables de cash game et les frais de tournois. En lisant l’étude, je vois que le CA des sites de poker serait de +573m€ en 6 mois soit près de 100m€ de revenus par mois ? Incroyable, mais faux. Je pense en effet que le cash-game a généré environ 161m€ (chiffre publié par l’ARJEL), mais par contre, les tournois, le montant affiché de 412m€ correspond au total des mises+frais des tournois. Les frais étant d’environ 10% en moyenne. Le produit brut des jeux des tournois serait donc de 40m€. Donc le produit brut total des opérateurs de poker en ligne en 2010 serait de 200m€ et non 573m€. Ca fait quand même une GROSSE différence. Ce PBJ étant le chiffres d’affaires de l’entreprise lui permettant de payer ses taxes, salaires, investissement, marketing et parfois même des études. Heureusement pour vous.
Ensuite, 100000 à 200000 joueurs insatisfaits (vous sortez cela de quelle étude ? Sondage ? Rapport ? Formule magique ?) qui joueraient sur des sites illégaux ? Hein quoi ? Quels sites ? Je vous défie de me donner 10 sites de poker (de renom) qui acceptent encore à ce jour des clients français ? Même moi, qui suit un opérateur avisé du marché du poker en ligne, je suis INCAPABLE de vous donner cela ! Cela n’existe plus, et si il existe peut-être quelques sites de poker en ligne concernés, ils doivent représenter 1% du nombre de joueurs. (ps : par contre, je peux vous donner des dizaines de sites de casinos en ligne).
D’ailleurs, est-ce 100200 ou 300000 car entre dix lignes vous arrivez à rajouter 100000 personnes de plus jouant sur des sites de poker illégaux…
Concernant les variantes de jeu, c’est vrai, il en existe d’autres. M’enfin, sincèrement, en tant qu’opérateur d’un site .com pour le reste de l’Europe, je peux vous confirmer que 95% du business se fait sur le NoLimit et le Omaha.
Enfin, vous avez inventé le Taux de Retour aux Joueurs sur le poker en ligne ! C’est vrai, c’est un concept fort. Donc, grâce à nos systèmes de trucages de cartes, nous arrivons à contrôler le gains des joueurs en fonction du TRJ. C’est l’ARJEL qui doit être contente. Moi qui pensait que le poker en ligne n’était pas truqué.
Je me suis permis de ne commenter que le poker car c’est mon domaine de prédilection. M’enfin, je laisse mes confrères répondre à ce post s’ils le souhaitent à propos des paris sportifs.
Messieurs les consultants, s’il vous plaît. Arrêtez de penser. Laissez nous travailler, laissez nous donner de vraies informations aux journalistes et au régulateur. Ce dernier fait un travail de titan pour appréhender une industrie qui est nouvelle, il n’a pas besoin d’être pollué par de la désinformation. D’autant qu’elle nuit gravement à l’image de celle-ci.
Cela n’a rien de personnel, justement, c’est professionnel.
Au plaisir,
À lire plus tard
Vous devez être inscrit pour ajouter cet article à votre liste de lecture
S'inscrire Déjà inscrit ? Connectez-vous