|

Les patrons de Facebook, Twitter et Google de nouveau convoqués par le parlement américain à propos de la désinformation

Les patrons de Facebook, Twitter et Google de nouveau convoqués par le parlement américain  à propos de la désinformation
Les patrons de Facebook, Twitter et Google sont convoqués jeudi par une commission parlementaire américaine pour une audition sur la désinformation sur les réseaux, après une élection tendue, des émeutes au Capitole et l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement apparemment déterminé à en découdre avec les Big Tech.
On prend les mêmes et on recommence : ce sera la quatrième audition par caméra interposée de Mark Zuckerberg (Facebook) et Jack Dorsey (Twitter) depuis juillet dernier aux Etats-Unis, et la troisième pour Sundar Pichai (Google).
Les grandes entreprises technologiques sont dans le collimateur des élus républicains et démocrates à cause de leur immense pouvoir aussi bien économique que politique.
Jeudi, les questions doivent porter sur leur rôle dans la propagation des fausses rumeurs sur les vaccins contre le Covid-19, par exemple, ou encore les affirmations mensongères qui ont circulé sur de prétendues fraudes électorales, avant et après le scrutin de novembre 2020.
«L’auto-régulation de l’industrie a échoué», constate la commission de la Chambre des représentants pour l’énergie et le commerce dans sa convocation.
«Je m’attends surtout à beaucoup de théâtre», a commenté l’analyste Carolina Milanesi de Creative Strategies. «Le jeu semble d’être de les monter les uns contre les autres».
Mais cette audition aura un parfum particulier, alors que les représentants de la Chambre ont vécu des émeutes qui semblaient impensables, et dont les racines se trouvent notamment dans le fléau de la désinformation.
Le 6 janvier dernier, des partisans extrémistes de Donald Trump, persuadés que l’élection a été «volée» à leur héros, ont envahi le siège du Congrès américain, interrompant la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden. Ces attaques ont fait cinq morts et choqué le pays.
L’ancien président américain et ses alliés entretenaient depuis des mois le mythe d’une fraude électorale massive, notamment sur Twitter, Facebook et YouTube (Google).
Il a conséquemment été exclu de ces plateformes, un sujet qui ne manquera pas d’être abordé par les élus de droite, souvent prompts à accuser les réseaux sociaux de parti pris anti-républicain.
Les démocrates voudraient, eux, que les sociétés de la Silicon Valley prennent plus leurs responsabilités.
Elles ont déployé un arsenal sans précédent de mesures pour juguler la désinformation et les tentatives de discréditer le processus démocratique, mais ce sont de «tout petits pas» selon les mots du sénateur démocrate Richard Blumenthal lors de l’audition du 17 novembre.
«Vous avez l’immense responsabilité civique et morale de vous assurer que ces instruments d’influence ne causent pas de dommages irréparables à notre pays», après avoir «largement profité des données collectées sur notre vie privée et de la promotion des discours de haine», avait-il asséné.
Carolina Milanesi s’attend à ce que les patrons recensent leurs efforts contre les contenus problématiques, comme le recrutement d’armées de modérateurs.
Mais «si je dois engager sept personnes pour balayer dans un magasin de porcelaine après le passage d’un troupeau d’éléphants, je ne vais pas recevoir un bon point si c’est moi qui les ai fait entrer !», ironise-t-elle.
Lundi, Facebook a déjà publié un communiqué pour rappeler les différentes mesures prises ces dernières années. «Malgré tous ces efforts, certains croient que nous avons des intérêts financiers à tolérer la désinformation», a remarqué Guy Rosen, un vice-président du groupe. «C’est le contraire qui est vrai».
Sous Barack Obama – dont Joe Biden a été le vice-président – la Silicon Valley était globalement alignée avec Washington. Mais une série de scandales a distendu, voire rompu les liens avec une bonne partie des démocrates.
Le nouveau président a envoyé des signaux clairs aux Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) en s’entourant de personnalités connues pour leur approche sévère.
Tim Wu, professeur à l’université de Columbia et défenseur de lois antitrust plus strictes, a rejoint le prestigieux Conseil économique national de la Maison Blanche.
Et Joe Biden a confirmé cette semaine son intention de nommer la juriste Lina Khan, une autre professeure de Columbia hostile aux monopoles des géants de la tech, à la tête de l’agence américaine de la concurrence (FTC).
L’audition de jeudi ne manquera pas d’aborder la «Section 230», la loi de 1996 qui protège les hébergeurs sur internet de poursuites liées aux contenus publiés par des tiers, pierre angulaire des réseaux sociaux.
De nombreux parlementaires veulent la réformer, comme les sénateurs Mark Warner, Mazie Hirono et Amy Klobuchar, qui défendent un «Safe Tech Act» pour faciliter les recours en justice contre les plateformes.
Facebook et Google font déjà face à des poursuites de la part des autorités sur le front du droit de la concurrence.
(Avec AFP)
 

La newsletter

Toute l'actualité des médias et de la publicité chaque jour

S'inscrire gratuitement
Newsletter
Adwanted Inscription