Les radios indépendantes mobilisées face à la fusion de l’audiovisuel public
Le projet gouvernemental de fusion de l’audiovisuel public pour regrouper notamment Radio France et France Télévisions « risque » d’entraîner un « effacement du média radio » au profit de la télé, s’est inquiété le Sirti.
« On le voit sur d’autres entités rassemblées au niveau européen de longue date, la télé prend le dessus » sur la radio, a expliqué lors d’un point presse Kevin Moignoux, le secrétaire général du Sirti, qui représente plus de 170 radios locales, régionales, thématiques et généralistes.
Ces dernières pourraient à première vue bénéficier de ce qu’elles anticipent comme un affaiblissement de la radio publique. Mais elles ont quand même « besoin d’une entité radio publique qui fonctionne bien » en raison de « combats en commun », comme le développement de la radio numérique terrestre DAB+, l’équivalent radio de la TNT, analyse-t-il.
Des combats qui risquent de « passer en deuxième rideau » si « la radio est noyée dans un grand audiovisuel public télé », redoute Kevin Moignoux.
Autre préoccupation : « La question de la concentration » dans le privé. « Comment demain l’État pourra interdire une fusion M6-Altice, M6-TF1, (…) tout un tas de projet ? », s’interroge-t-il. « C’est un peu incohérent de faire un méga audiovisuel public et de dire par contre aux acteurs privés : vous devez rester très contraints ».
Le DAB+ mobilise
Malgré ces inquiétudes, le Sirti réclame surtout dans l’immédiat la prise en compte de mesures relatives au DAB+ dans la réforme de l’audiovisuel, sur les rails au Parlement.
Le syndicat souhaite ainsi le retour d’une mesure initialement prévue visant à obliger les véhicules neufs à être dotés d’un terminal de réception radio FM/DAB+ pour empêcher la disparition de l’autoradio et garantir un accès à ce média sans dépendre des géants du numérique.
Le Sirti demande également la fin de la vente de postes de radio uniquement FM, une aide financière pour supporter les coûts supplémentaires de diffusion en DAB+ (de 16 millions d’euros par an pour l’ensemble des radios) ou encore « un aménagement du déploiement du DAB+ » pour un maillage maintenant des offres « véritablement locales ».
Déployé depuis 2014 dans l’Hexagone pour compléter un réseau FM saturé, le DAB+ couvre désormais plus de 60% de la population métropolitaine.
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