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Médiamétrie dévoile une refonte de sa mesure du podcast et s’allie avec l’ACPM

Médiamétrie dévoile une refonte de sa mesure du podcast et s’allie avec l’ACPM
Cécile Bertrand, directrice audio à Médiamétrie et Sébastien Manaches, directeur fréquentation à l'ACPM sur la scène d'InnovAudio Paris ce 27 novembre 2024.

EXCLUSIF. Lors de l’événement annuel Innov’Audio Paris ce mercredi soir, Médiamétrie dévoile une refonte de sa mesure des podcasts en collaboration avec l’ACPM. Alignée sur les standards de l’IAB, cette évolution vise à offrir une plus grande transparence et comparabilité des données, répondant ainsi aux attentes des éditeurs et annonceurs. Bertrand Krug, directeur Digital et Presse, et Yannick Carriou, PDG de Médiamétrie, détaillent ce projet stratégique.

Depuis 2006, eStat Podcast est la mesure de référence pour les éditeurs en France. Mais avec l’explosion des podcasts natifs, la diversité des plateformes et la transformation des usages audio, une mise à jour était indispensable et réclamée par le marché.
« Le paysage audio a énormément évolué, et nos outils doivent s’adapter à ces nouvelles réalités. », explique à The Media Leader Bertrand Krug. « Notre objectif est triple : moderniser nos méthodologies, intégrer les standards internationaux de l’IAB, et explorer une mesure hybride combinant logs et panels pour une analyse plus précise des usages. »

Vers une mesure Total Audio

Cette modernisation s’appuie sur les standards techniques de l’IAB, adoptés par de nombreux acteurs internationaux. « Ces standards garantissent une transparence essentielle, tant pour les éditeurs que pour les annonceurs », ajoute Yannick Carriou, PDG de Médiamétrie, lors de l’événement InnovAudio Paris. « Par exemple, le seuil de 60 secondes pour la prise en compte d’une écoute ou d’un téléchargement ou le filtre de 24 heures pour éviter les doublons assurent une mesure encore plus représentative des comportements d’écoute. »

La refonte repose sur une plateforme commune développée avec l’ACPM, qui certifie déjà les logs de nombreux éditeurs. « Cette alliance permet d’unifier les méthodologies et d’apporter une cohérence au marché », précise Bertrand Krug.

Malgré cette harmonisation, Médiamétrie et l’ACPM continueront à publier leurs propres classements. « L’intelligibilité et la comparabilité sont des impératifs pour un écosystème efficace, mais chaque acteur conservera son rôle spécifique », confirme Yannick Carriou.

Une transition en douceur jusqu’en 2025

Médiamétrie a prévu une période de double production (eStat Podcast et la nouvelle méthodologie) jusqu’en juin 2025. Cette transition permettra aux éditeurs de comparer les résultats des deux systèmes et de s’adapter progressivement.

« Le maintien d’eStat Podcast jusqu’à la fin de la saison radio en cours est essentiel pour accompagner nos souscripteurs », explique Bertrand Krug. « La nouvelle méthode sera pleinement opérationnelle dès juillet 2025. »

Une mesure plus granulaire pour les éditeurs

Parmi les nouveautés, Médiamétrie proposera une nouvelle interface quotidienne développée pour Médiamétrie par Daily d’initiés et dédiée aux éditeurs. « Cette plateforme leur permettra de suivre les performances de leurs podcasts de manière très fine, marque par marque, et d’optimiser leurs stratégies éditoriales », détaille Bertrand Krug.

Cette nouvelle mesure s’inscrit également dans une ambition plus large d’hybridation des données.
« Comme pour la vidéo, nous avançons vers un Total Audio, capable de couvrir tous les lieux, formats, écrans et modalités d’écoute. Ce sera une avancée majeure pour le marché », explique Yannick Carriou.

Une avancée stratégique pour les annonceurs

Cette évolution vise également à débloquer les investissements publicitaires dans l’audio. « La fragmentation des données est un frein majeur pour les annonceurs. Avec une mesure harmonisée, ils disposeront d’outils fiables pour comparer les performances et allouer leurs budgets de manière optimale », insiste Bertrand Krug.

En intégrant ces standards internationaux, Médiamétrie souhaite répondre aux attentes des annonceurs internationaux et locaux, tout en renforçant la place de l’audio digital dans le mix média.


Bertrand Krug : « La marque eStat, qui a été un outil pionnier dans son domaine, s’effacera progressivement »

The Media Leader : Médiamétrie annonce une évolution majeure dans la mesure d’audience des podcasts. Pouvez-vous nous en dire plus sur les objectifs de cette transformation ?

Bertrand Krug : Cette évolution s’inscrit dans une triple ambition. D’abord, moderniser une mesure historique, puisque notre méthodologie actuelle, eStat Podcast, date de 2006. Il était donc temps d’adopter des outils et des processus plus adaptés à l’environnement technologique actuel.
Ensuite, nous voulons offrir davantage de clarté au marché en intégrant les standards internationaux de l’IAB, une référence sur la mesure de l’audio digital. Enfin, cette évolution s’inscrit dans notre vision plus large d’hybridation des données. Nous évaluons les opportunités que pourraient offrir la combinaison de logs des éditeurs avec des données issues de panels, pour capitaliser sur les bénéfices de chacune de ces données.

TML : Vous mentionnez l’IAB comme un standard clé. Quelles nouveautés cela apporte-t-il à la mesure ?

B.K. : Les standards de l’IAB définissent des critères rigoureux qui garantissent une transparence et une fiabilité accrues. Par exemple, un filtre de 24 heures permet d’éviter qu’un même téléchargement soit comptabilisé plusieurs fois. Un autre critère, dit « filtre à 60 secondes », s’assure qu’un minimum de contenu a été téléchargé avant de valider une écoute ou un téléchargement. Ces principes nous rapprochent d’une mesure qui reflète vraiment l’usage réel, plutôt qu’une simple volumétrie.

TML : Vous allez donc abandonner eStat Podcast ?

B.K. : Pas immédiatement. L’étude eStat Podcast sera produite jusqu’en juin 2025. Une phase de « double production » permettra aux éditeurs de comparer les résultats et de mieux appréhender les changements. La bascule complète sur la nouvelle méthode se fera dès juillet 2025.

TML : Cette transformation répond-elle à des attentes précises du marché, notamment des annonceurs ?

B.K. : Oui, tout à fait. La fragmentation du podcast, à la fois au niveau des contenus et des données, constitue un frein pour les investissements publicitaires. En standardisant la mesure et en adoptant des critères reconnus internationalement, nous donnons aux annonceurs les outils pour mieux comprendre et comparer les performances, ce qui est essentiel pour débloquer davantage de budgets.

TML : Comment cette évolution impactera-t-elle les éditeurs ?

B.K. : Les éditeurs bénéficieront d’une nouvelle interface analytique développée pour Médiamétrie par Daily d’Initiés, qui leur permettra de suivre quotidiennement les performances de leurs contenus.

La marque eStat, qui a été un outil pionnier dans son domaine, s’effacera progressivement au profit de nouvelles technologies pour l’audio comme pour la vidéo.

TML : Cette collaboration avec l’ACPM ouvre-t-elle la voie à des classements communs ?

B.K. : Médiamétrie et l’ACPM continueront de publier leurs propres classements. Toutefois, nous avons travaillé ensemble pour harmoniser nos méthodologies. Les indicateurs seront désormais calculés de manière identique, ce qui facilitera les comparaisons. La décision de fusionner les classements, si elle venait à être prise, appartiendra au marché.

TML : Certains acteurs ont-ils exprimé des réserves vis-à-vis de cette transition ?

B.K. : Dans l’ensemble, les éditeurs reconnaissent la nécessité de moderniser la mesure. Les principaux défis concernent les aspects techniques, notamment pour ceux qui s’auto-hébergent, comme Radio France. Nous travaillons étroitement avec eux pour faciliter cette transition.

TML : Peut-on imaginer, à terme, une fusion des mesures radio et podcast ?

B.K. : C’est une direction que nous explorons activement. L’objectif serait d’hybrider les données issues des panels avec celles des logs pour obtenir une vision plus complète et précise des comportements d’écoute. Ce projet est encore à long terme, car les indicateurs et les périmètres entre ces données sont aujourd’hui très différents, mais il fait partie de notre feuille de route.

TML : Un dernier point : la marque eStat va-t-elle complètement disparaître ?

B.K. : Oui, la marque eStat, qui a été un outil pionnier dans son domaine, s’effacera progressivement au profit de nouvelles technologies pour l’audio comme pour la vidéo. Ce changement répond aussi à un besoin de mesure toujours plus précise et de simplification pour nos clients.

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