|

Médiamétrie lance la mesure cross-média vidéo, Meta refuse d’y participer

Médiamétrie lance la mesure cross-média vidéo, Meta refuse d’y participer
Julien Rosanvallon, DGA, et Yannick Carriou, PDG de Médiamétrie, ont dévoilé la liste des membres du comité cross-media. Photo : François Quairel

Médiamétrie a détaillé vendredi le lancement d’une mesure inédite des audiences des plateformes vidéo, à commencer par Netflix, Disney+, YouTube et Prime Video aux côtés des acteurs historiques. Seul Meta (Instagram, Facebook) refuse d’intégrer le tour de table.

Médiamétrie s’apprête à franchir une étape majeure dans la mesure des audiences vidéo. À partir du printemps, l’institut dévoilera pour la première fois en France les audiences détaillées des contenus de plateformes SVOD comme Netflix, YouTube, Disney+ et Prime Video (Amazon)… mais également celles des acteurs historiques comme TF1+, M6 ou france.tv. « Cette collecte permettra de répondre à des questions précises, comme : combien de téléspectateurs a réuni Squid Game ? », a expliqué Laurence Deléchapt, directrice TV & cross-média, lors de la conférence de presse du 17 janvier au siège de Médiamétrie à Levallois.

Le calendrier dévoilé mais entre les mains du comité

Le lancement se fera en plusieurs phases. Dès fin mars, des données seront collectées par marque, permettant d’évaluer par exemple l’ensemble des contenus du groupe TF1 à travers ses plateformes et tiers. Les « tops contenus », incluant les programmes les plus regardés sur les plateformes SVOD, viendront enrichir ces résultats dès juillet.

« Ce que nous proposons, c’est une réinitialisation du système. La télévision et les plateformes évoluent dans un marché commun qu’il est impératif de mesurer avec confiance », a affirmé Yannick Carriou, Président-Directeur Général de Médiamétrie.

Deux mesures distinctes : éditoriales et publicitaires

Le projet repose sur deux types de mesures complémentaires. La mesure éditoriale vise à fournir une vue globale des audiences des contenus vidéo, qu’ils soient diffusés à l’antenne ou disponibles sur les plateformes numériques. Elle permettra notamment de répondre aux questions sur les performances des groupes média et des contenus spécifiques, comme le total des audiences de TF1 ou les visionnages d’une série sur Netflix.

De son côté, la mesure publicitaire se concentrera sur l’efficacité des campagnes, en analysant les incréments de couverture apportés par les plateformes numériques par rapport aux supports traditionnels. « Dans un univers où la publicité est de plus en plus adressée individuellement, il était crucial de distinguer ces deux volets », a expliqué Julien Rosanvallon, Directeur Général Adjoint.

Le calendrier de la mesure cross-média éditoriale

Un comité pour garantir la transparence

Pour piloter cette initiative et en définir les modalités de communication, Médiamétrie a créé le comité Cross-Média Vidéo, qui réunira des acteurs historiques et les plateformes numériques. Les membres incluront des groupes historiques (TF1, Canal+, France Télévisions, Arte), des agences et annonceurs (OMG, Havas Media, Publicis Media…) ainsi que des plateformes vidéo, parmi lesquelles Netflix, Disney+, Prime Video et YouTube. Des discussions sont en cours avec Max et TikTok ainsi que les acteurs vidéos de la presse (Le Figaro, Prisma…).

Cependant, Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, a refusé de participer. « Nous leur avons ouvert la porte, mais Meta n’a pas souhaité s’engager. C’est leur droit. Nous devons avancer avec les acteurs qui partagent cette ambition collective », a précisé Yannick Carriou.

Julien Rosanvallon, Directeur Général Adjoint, a insisté sur l’importance d’une gouvernance inclusive : « Nous devons construire un consensus autour d’une mesure commune, transparente et comparable, afin que le marché puisse s’appuyer sur des données fiables. »

Un enjeu stratégique pour le marché vidéo

Jusqu’ici, les plateformes vidéo n’ont communiqué leurs audiences que sur une base volontaire, souvent à travers des chiffres auto-déclarés. Cette initiative vise à standardiser et rendre auditable la mesure d’audience, répondant ainsi aux attentes croissantes des annonceurs et agences.

François Dufresne, directeur du développement Cross Médias et Total Vidéo chez Mediamétrie, a souligné : « L’enjeu est de créer une mesure capable de fédérer des acteurs aux intérêts parfois divergents. Nous sommes convaincus que le marché gagnera en clarté et en équité. »

Avec une première réunion du comité prévue en mars, Médiamétrie mise sur une gouvernance collective pour garantir la neutralité et l’équité de cette nouvelle mesure. Mais l’absence de Meta pourrait limiter la portée de cette révolution, dans un marché où l’intégralité des écosystèmes numériques doit être prise en compte.

Un défi technologique et financier

Lancée en 2025, cette mesure repose sur des technologies avancées telles que le watermarking et le fingerprinting, permettant de suivre les contenus consommés sur tous les écrans. Médiamétrie a investi massivement pour assurer l’indépendance de ses outils et prévoit un financement basé sur la souscription des acteurs du marché.

« Nous ne proposons pas une solution parfaite dès le départ, mais une base solide qui s’enrichira avec le temps et l’adhésion progressive des acteurs », a conclu Yannick Carriou. Reste à savoir si cette initiative parviendra à convaincre les derniers réticents, à commencer par Meta.

La newsletter

Toute l'actualité des médias et de la publicité chaque jour

S'inscrire gratuitement
Newsletter
Adwanted Inscription