Qui parviendra à racheter Marianne ?
« L’arrêt immédiat des négociations » avec l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc, candidat à la reprise du magazine, faute de garanties suffisantes quant à l’indépendance de la publication, a été exigé par la société des rédacteurs de Marianne (SRM)
Suite à une rencontre, « il est apparu que les vues de Jean-Martial Lefranc étaient en opposition totale avec les grands principes de l’indépendance d’un journal », écrit dans un communiqué la SRM, qui assure que la « rédaction est prête à user de tous les moyens pour obtenir satisfaction dont la grève ».
Selon elle, Jean-Martial Lefranc a « la ferme intention » d’intervenir dans la ligne éditoriale du journal et de participer aux conférences de rédaction.
Il estime aussi, d’après la société des rédacteurs, que « certains articles publiés par Marianne ne répondent pas aux exigences de la déontologie journalistique », ce à quoi il compte « remédier personnellement ».
En outre, ajoute l’instance, « le retrait de M. Antoun Sehnaoui, actionnaire le plus important de l’offre de reprise, compromet gravement la viabilité économique du projet ».
Interrogé par l’AFP, l’entourage de Jean-Martial Lefranc dit « prendre acte » de la communication de la SRM, parlant de « radicalité » et de « caricature ».
« L’attitude exprimée par une majorité de la rédaction ne permet (…) pas d’envisager une reprise sereine et constructive de Marianne à date », ajoute cette source dans un bref communiqué, assurant cependant qu’ « aucune décision concernant un éventuel désengagement à ce stade » n’a été prise.
« préservation de l’indépendance éditoriale »
Selon la même source, Jean-Martial Lefranc a « été le premier à accepter toutes les garanties d’indépendance demandées par la rédaction, et il n’a jamais été question d’en déroger ». « Il est fortement dommageable de confondre interventionnisme éditorial et supervision stratégique de l’activité », souligne-t-elle.
« Jean-Martial Lefranc avait anticipé d’éventuelles défections et des alternatives de financement sont prêtes », indique-t-elle par ailleurs.
La SRM rappelle que, le 22 avril, Denis Olivennes, président du conseil de surveillance de CMI France, groupe propriétaire de Marianne, a fixé un certain nombre de conditions pour la vente : « sanctuarisation de la ligne du journal », « préservation de l’indépendance éditoriale », « garantie de la pérennité économique du titre » et « maintien de la direction actuelle ».
La rédaction avait déjà écarté en juillet un possible rachat par Pierre-Edouard Stérin.
Au même moment, Jean-Martial Lefranc, 62 ans, avait formulé une offre de reprise rehaussée à 8,5 millions d’euros, après une première au printemps qui avait été écartée. CMI France était prêt à prendre en charge une partie des coûts de reprise, pour 3 millions, selon M. Olivennes.
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