Streaming musical : jusqu’à 3% des écoutes gonflées artificiellement selon le Centre national de la musique
Entre 1% et 3% du total des écoutes de musique en ligne sont fausses en France, soit entre 1 et 3 milliards de streams, selon le Centre national de la musique (CNM).
Ce dernier s’est appuyé sur les indications des plateformes (Deezer, Qobuz, Spotify) et de distributeurs (Universal, Sony, Warner, Believe et Wagram) sur 2021. Mais l’instance déplore toutefois « que des acteurs comme Amazon Music, Apple Music et YouTube n’aient pu ou souhaité partager leurs données suivant le périmètre d’observation défini, malgré toutes les garanties de confidentialité ».
Il est « certain que la réalité des faux streams dépasse ce qui est détecté, sans qu’il soit pour autant possible de parvenir à un chiffrage précis, puisqu’ils n’entrent pas dans le champ de la détection », développe le président du CNM, Jean-Philippe Thiellay. Les « chiffres qui circulent dans les médias, très supérieurs à 3%, ne reposent sur aucune donnée établie et démontrée, ce qui ne nous permet pas pour autant de les contredire », ajoute-il.
« Augmentation artificielle du nombre d’écoutes ou de vues »
L’instance définit la manipulation frauduleuse des écoutes en ligne comme « l’augmentation artificielle du nombre d’écoutes ou de vues, par des robots ou personnes physiques, dans le but de générer un revenu, d’améliorer la performance d’un titre dans les palmarès et/ou d’orienter un système de recommandation (playlists, recherche) ».
Tous les domaines sont concernés : hip-hop, pop/rock, classique, chanson française ou musiques d’ambiance. Dans le détail, sur Spotify et Deezer, « la très grande part des streams détectés provient du hip-hop/rap : c’est assez logique puisqu’il s’agit des genres les plus écoutés (plus de 50% du top 10 000 sur Spotify et 40% sur Deezer) », relève encore le CNM.
Pour autant, « rapportés au nombre total d’écoutes de titres hip-hop/rap, ces streams frauduleux ne représentent qu’un très faible pourcentage, 0,4% sur Spotify et 0,7% sur Deezer ».
Vers une charte interprofessionnelle de prévention
Le CNM précise que lutter contre cette fraude, c’est se heurter à un écueil. « Dans la plupart des cas, le commanditaire à l’origine de la demande de manipulation des streams sera rarement identifié et identifiable. »
L’instance propose l’élaboration d’une « charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne ». Le CNM réalisera aussi une nouvelle étude en 2024.
(Avec AFP)
À lire plus tard
Vous devez être inscrit pour ajouter cet article à votre liste de lecture
S'inscrire Déjà inscrit ? Connectez-vous