La Commission des Jeunes Talents, créée par l’UDECAM en mai 2023, s’est donnée l’objectif de réenchanter les métiers d’agence par le prisme de la jeunesse. De la genèse de la commission à son implication dans le développement des jeunes, Thomas Jamet, PDG de IPG Mediabrands France et président de l’UDECAM dévoile sa vision de l’industrie des agences médias et du rôle de la jeunesse dans cet écosystème. Interview miroir réalisée par Emma Bailly, responsable du planning stratégique chez CoSpirit, et Sébastien Benoit, responsable du produit et de l’innovation chez Publicis Media, membres de la commission jeune talent.
Emma Bailly et Sébastien Benoit : Il y a un an, l’UDECAM lançait un appel à candidature pour rejoindre une nouvelle commission, celle des « Jeunes Talents ». Pourquoi une telle initiative ?
Thomas Jamet : Il était grand temps de donner aux jeunes la place et les responsabilités qu’ils méritent dans nos métiers ! J’ai proposé dès mon élection à la présidence de l’UDECAM au nouveau conseil d’Administration de mettre en avant les jeunes talents de l’industrie des agences média pour renforcer l’attractivité de notre profession. L’idée a immédiatement remporté une grande adhésion.
Elle consiste à monter une équipe, une dream team représentant tous les métiers de nos agences et de les impliquer dans la réflexion des transformations profondes de l’industrie. Ce n’est pas un gadget, on ne coche pas la case « jeunes », au contraire, l’idée est de constituer un vrai Think Tank, et de les impliquer. L’objectif est que les membres de cette Commission mènent les réflexions, et surtout les actions qu’ils jugent prioritaires, sur l’attractivité, l’employabilité et le lien intergénérationnel avec les plus seniors (ce qui nous semble aussi essentiel). Nous leur laissons une grande autonomie et attendons de cette commission qu’elle soit motrice pour l’UDECAM dans son ensemble.
Nous avons commencé à travailler avec cette nouvelle commission sous le parrainage et la guidance de Catherine Helfenstein, présidente de la commission RH, notamment sur le projet de contenu des Rencontres du 12 mars, et en leur demandant également de plancher sur une étude et un Manifeste !
Ce n’est pas un gadget, on ne coche pas la case « jeunes », au contraire, l’idée est de constituer un vrai Think Tank, et de les impliquer
Thomas Jamet
Emma Bailly et Sébastien Benoit : À la même période, tu participais comme juré aux Cannes Young Lions. Peux-tu nous raconter ton expérience et nous dire en quoi la jeunesse est une source d’inspiration pour toi ?
T.J : En effet, j’ai eu l’honneur de participer une nouvelle fois à un jury à Cannes, pour les Young Digital Lions. C’était une expérience incroyable. J’ai pris une sacrée claque en y participant. Les participants, venant d’environ 35 pays, ont su se prêter à un exercice live assez impressionnant. Le résultat de ces 24 heures de travail était rempli de qualité et d’inventivité, tout cela porté par de très bonnes présentations. Je n’ai qu’un seul regret : ne pas pouvoir recommencer cette année !
Emma Bailly et Sébastien Benoit : Quel(s) conseil(s) donnerais-tu au Thomas de -30 ans ?
T.J : De toujours y croire et de ne jamais se poser la fameuse (mais mauvaise) question « pourquoi moi ? ». Il faut aussi écouter son intuition et se laisser guider par cette petite voix intérieure qui nous pousse toujours dans la bonne direction (si on arrive à faire fi du bruit extérieur). Il faut aussi être soi-même, pleinement, trouver sa voie et la définition de sa propre volonté, puis accorder ses actes avec celle-ci. C’est un peu ce que j’essaie de faire aujourd’hui.
Thomas Jamet : Comment vous sentez-vous dans cette industrie des agences média ?
Emma Bailly : En deux mots, épanouie et stimulée. L’industrie des médias est un monde vaste et passionnant, qui se transforme en permanence au rythme des évolutions de la société. Nos métiers demandent beaucoup de curiosité, de créativité, d’intelligence émotionnelle, mais aussi de rigueur et vision stratégique. C’est ce qui me challenge le plus et qui me motive au quotidien !
L’agence média continue de se réinventer pour rester pertinente face aux nouveaux acteurs qui arrivent sur le marché
Thomas Jamet
Sébastien Benoit : Je suis arrivé dans l’industrie des agences média par hasard mais je m’y sens bien. Je suis heureux de travailler dans une industrie dans laquelle je peux sincèrement trouver du sens. Nous ne cessons de le répéter mais la publicité finance la culture et la démocratie. Je suis également ravi de pouvoir travailler sur des sujets technologiques au sein d’une agence média. Il est intéressant de voir que l’agence média continue de se réinventer pour rester pertinente face aux nouveaux acteurs qui arrivent sur le marché.
Thomas Jamet : Que changeriez-vous ?
E.B : Je remplacerai le sens et la responsabilité au cœur de la formation à nos métiers. Parce que je suis intimement convaincu que ceux qui font les marques, la publicité et les médias ont un rôle immense à jouer dans la transition, face aux enjeux auxquels nous sommes confrontés. En être conscient, c’est d’abord valorisant, mais c’est aussi un bon moyen d’avoir le pouvoir de faire bouger les choses !
S.B : J’aimerais changer la place des équipes data au sein de l’agence. Je reste convaincu que ces équipes composées de data strategist, data scientist ou encore de data analyst ont beaucoup à apporter aux équipes conseil et expertise. Avec les investissements en digital qui continuent de croître, il est clé de plus impliquer ces équipes, que ce soit pour développer de nouveaux produits mais aussi pour mieux justifier l’efficacité des investissements média des annonceurs.
Thomas Jamet : Que pensez-vous apporter à l’UDECAM et à toute la profession avec la Commission Jeunes Talents ?
E.B : De la fraîcheur, de l’envie, des idées. Je pense que nous pouvons apporter une vision nouvelle de l’industrie des médias, mais aussi venir challenger le statu quo pour faire bouger les lignes au sein de la profession !
S.B : Avec la commission jeunes talents, nous espérons apporter un point de vue peut-être un peu plus opérationnel car certains d’entre nous sont encore junior. Nous souhaitons également venir et challenger le statu quo. Notre courte expérience peut se transformer en force car nous avons un regard nouveau sur l’état du marché.
Comme tu l’as mentionné, nous ne souhaitons pas rester avec l’étiquette « jeune ». Nous souhaitons remonter sur les différentes commissions de l’UDECAM pour comprendre ce qui est fait et les challenger avec notre vision de l’industrie.
Par Emma Bailly et Sébastien Benoit
