Yannick Bolloré (Vivendi / Havas) : « Nous bâtissons un modèle intégré mêlant la créativité et les médias »
Depuis Londres.
Invité de « The Future of Media » à Londres ce mercredi, un événement organisé par Adwanted Events et The Media Leader, le président du conseil de surveillance de Vivendi et PDG du groupe Havas a insisté sur l’importance pour les groupes de communication de « penser global », des stratégies de croissance par acquisition et a expliqué la décision de travailler avec le groupe pétrolier Shell.
Il est « vraiment important » que chaque entreprise de l’industrie des médias et de la publicité développe une portée mondiale, soit par des acquisitions ou des partenariats, a déclaré Yannick Bolloré pour expliquer la stratégie autour de Havas, groupe intégré d’agences de publicité, et Vivendi qui a retiré Havas des marchés financiers après son acquisition par le groupe Bolloré.
« Il est très important d’avoir des équipes partout dans le monde », a insisté Yannick Bolloré. « Peut-être plus fort dans certaines régions, mais dans le monde d’aujourd’hui, nous devons penser global et rien ne sera plus important dans les années à venir. »
Devenir le leader mondial des médias et de la communication
Il a expliqué que ce point de vue différait de celui qu’il aurait partagé il y a 15 ans. Pour lui, à l’époque, « la globalisation n’était pas très importante » car les stratégies publicitaires se localisaient dans différents pays, et même dans les villes au sein du même pays.
Le PDG du groupe Havas voit maintenant le monde devenir « de plus en plus le même » avec des expériences et des plateformes où les gens peuvent voir « le même type de publicité » à Londres, New York, Chicago, Paris et Singapour.
Son objectif pour sa propre entreprise, a-t-il ajouté, était de construire « le leader mondial des médias et de la communication » et que le paysage devenait « de plus en plus complexe ». Pour lui, « plus le monde des médias est complexe, mieux c’est pour le business des agences médias. »
Yannick Bolloré défini sa « feuille de route stratégique » depuis 2018 pour Vivendi comme étant axée sur « trois piliers » : la transformation, l’internationalisation et l’intégration.
« Être à la pointe de l’innovation »
« Il est très important qu’en tant que groupe, nous aidions toutes nos entreprises, toutes les agences, à se transformer. Si vous considérez ce qui s’est passé ces 10-15 dernières années, ce qui se passe aujourd’hui et ce qui va se passer dans les 10 prochaines années, il est très important de s’adapter et de former vos employés non seulement sur la révolution numérique ou sociale ou l’intelligence artificielle. Il est très important d’être à la pointe de l’innovation. »
Lorsqu’on lui a demandé si le bilan des acquisitions de Vivendi était « plus opportuniste que stratégique », Yannick Bolloré insiste sur le fait qu’il était important pour un groupe de communication d’être « agile » et a plaisanté en expliquant qu’une « stratégie » était un terme souvent utilisé pour post-rationnaliser des mouvements opportunistes.
Il a déclaré que l’intégration pour Vivendi visait à créer quelque chose de « mieux qu’auparavant » car ils opèrent dans différents domaines d’activité comme la télévision (Canal+), la communication (Havas), l’édition (Lagardère) et les jeux vidéos (Gameloft), y compris des entreprises qu’il a entièrement acquises et d’autres dans lesquelles il est actionnaire.
Les entreprises qui rejoignent le groupe Vivendi, comme Lagardère dans les prochains mois, bénéficient de leurs intégrations dans un grand groupe. Par exemple, il a rappelé qu’Havas a été le seul groupe d’agences à ne procéder à aucun licenciement pendant la pandémie et à le rendre public, une « décision commercialement très judicieuse » car Havas n’a pas eu besoin de réembaucher des collaborateurs à des salaires plus élevés pendant le rebond de l’industrie à la fin de 2020 et en 2021.
Vivendi : un modèle intégré mêlant créativité et médias
Yannick Bolloré est « un fervent défenseur » de la réunion entre la créativité et les médias. « Aujourd’hui, vous ne pouvez plus différencier la créativité du média, les deux doivent travailler main dans la main». Havas et Vivendi doivent « bâtir un modèle intégré pour produire les meilleures solutions possibles pour les clients ».
Au sujet du gain du budget média de Shell, Yannick Bolloré a insisté sur le fait qu’Havas a pris « un risque très, très important » en travaillant avec le groupe pétrolier, notamment parce que la pression d’un monde sans énergie fossile est très forte. « Nous devons être très prudents, car nous devons nous assurer que Shell reste transparent. La dernière chose que nous voulons, c’est d’être accusés de ‘greenwashing’. »
Yannick Bolloré a conclu en disant qu’il est convaincu que l’industrie des médias sera toujours « à la pointe de l’innovation » et qu’elle continuera à se développer et à évoluer. « C’est un voyage passionnant, et je suis ravi d’y participer », a-t-il ajouté.
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