Rachida Dati exclut des liens avec Vincent Bolloré, Xavier Niel (toujours) tenté par la TNT
Longuement interrogée jeudi par un député LFI sur ses éventuels liens avec le milliardaire Vincent Bolloré, la ministre de la Culture Rachida Dati a récusé toute « collusion » et affirmé qu’elle n’était « pas la ministre d’un clan ou d’une idéologie ».
Elle était auditionnée sous serment par la commission d’enquête sur les fréquences TNT. L’Arcom qui a lancé le 28 février un appel à candidatures pour la réattribution de 15 fréquences de la TNT, qui arriveront à échéance en 2025. Il s’agit de celles actuellement occupées par les chaînes Canal+, C8, W9, TMC, TFX, NRJ12, BFMTV, CNews, CStar, Gulli, LCI, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète+ et Paris Première.
Le ton est monté avec son rapporteur, l’insoumis Aurélien Saintoul, qui lui a d’abord demandé si elle menait une « croisade » contre le wokisme – elle avait qualifié ce mouvement de « politique de censure », début février sur CNews-Europe 1.
Rachida Dati a assuré n’avoir pas échangé avec Vincent Bolloré, avant ou après sa nomination, au sujet des chaînes du groupe Canal+ dans le giron du milliardaire, et dont les autorisations doivent être renouvelées pour 2025.
« Je laisse le processus se dérouler en toute indépendance », sous l’égide de l’Arcom, le régulateur des médias, a-t-elle insisté. Et de marteler : « Je ne vois pas en quoi je serais concernée par ces attributions. Ma mission en tant que ministre de la Culture est de me concentrer sur le dossier de l’audiovisuel public ».
Sa prédécesseure Rima Abdul Malak avait rappelé la possibilité pour l’Arcom de ne pas reconduire les fréquences de CNews et C8, régulièrement épinglées par l’Arcom pour non-respect de leurs obligations.
De façon plus générale, la ministre a considéré qu’il est « vital que des gros industriels puissent être propriétaires de médias » et que « la loi garantit l’indépendance aux journalistes ». « L’intérêt économique de l’entreprise ne doit pas compromettre cette indépendance », a-t-elle ajouté, à l’heure où un autre milliardaire, Rodolphe Saadé, s’apprête à racheter Altice Media qui comprend BFMTV et RMC.
Xavier Niel n’exclut pas une candidature mais ne veut pas reprendre « une baffe »
Candidat malheureux à la reprise de la fréquence télé de M6 l’an dernier, le milliardaire Xavier Niel n’exclut pas de postuler à d’autres en cours de réattribution, même s’il ne veut pas « perdre du temps et de l’argent pour prendre une baffe » à nouveau.
En février 2023, dans le cadre de la réattribution des fréquences de TF1 et M6, Xavier Niel avait déposé un projet de chaîne appelée « SIX » pour remplacer M6. Son projet avait été écarté et les fréquences de TF1 et M6 leur avaient été réattribuées.
« On a bossé sur des choses, mais aujourd’hui on n’est pas du tout sûr de déposer un dossier dans le cadre de cet appel d’offres », a déclaré le propriétaire du groupe Iliad, ce jeudi devant la Commission d’enquête.
« Pas du tout sûr » signifie donc qu’il ne l’exclut pas, l’a relancé le président de la commission, Quentin Bataillon. « C’est pas totalement non », a-t-il répondu, en se disant toutefois découragé par la procédure devant l’Arcom.
« Les conditions qui sont les mêmes que pour le dernier appel d’offres font qu’on est dans le renouvellement automatique. On peut se revoir dans un an, vous verrez, toutes les chaînes auront été renouvelées telles quelles », a-t-il lancé.
« À partir de ce moment-là, qu’est-ce que vous allez perdre du temps, perdre de l’argent, pour au bout vous prendre une baffe ? On peut aimer perdre, plusieurs fois (…), mais quand même, on vieillit », a-t-il poursuivi, un sourire en coin.
« On n’a pas voulu de moi comme acteur de la TNT », a-t-il affirmé jeudi, en jugeant que l’appel d’offres n’avait « pas été fait pour permettre » l’arrivée « d’un nouvel entrant ».
« L’Arcom a flippé, a eu peur de la nouveauté » et « peur de la compétition », a ajouté Xavier Niel, selon qui « cette procédure n’a jamais été pensée que comme un renouvellement de fréquences » au bénéfice des sortants.
Parallèlement, l’animateur de Quotidien sur TMC, Yann Barthès, qui n’invite pas de membres du Rassemblement national dans son émission, va également être auditionné par la commission d’enquête sur les fréquences TNT, à la demande du RN.
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