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Fin de la grève à La Provence

Fin de la grève à La Provence
La crise avait été déclenchée par la Une du quotidien de jeudi, barrée du titre « Il (Emmanuel Macron, ndrl) est parti et nous, on est toujours là... ». / Crédits : Nicolas Tucat (AFP).

Les journalistes du quotidien La Provence ont mis fin lundi à la grève qu’ils avaient entamée vendredi en réaction à la mise à pied du directeur de la publication après la Une sur la visite d’Emmanuel Macron jugée « ambiguë » par la direction.

La direction de ce journal régional détenu par l’armateur CMA CGM avait décidé dimanche de réintégrer le directeur de la rédaction, Aurélien Viers, et lundi les salariés ont choisi de reprendre le travail.

À l’issue d’une assemblée générale, 94 votants se sont prononcés pour la reprise, tandis que 71 journalistes ont voté en faveur de la poursuite du mouvement de grève.

Dans la matinée, plusieurs dizaines de journalistes avaient participé à un rassemblement devant les locaux du quotidien, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Nos infos, c’est pas du travail d’a(r)mateur », « la liberté de la presse à l’article de la mort » ou encore « On recoupe les infos, coupez pas les têtes ».

La Une du journal en cause

La crise avait été déclenchée par la Une du quotidien de jeudi, barrée du titre « Il (Emmanuel Macron, ndrl) est parti et nous, on est toujours là… ».

La direction estimait que cette phrase, attribuée en pages intérieures à un habitant d’une cité paupérisée de Marseille où s’était rendu le chef de l’État mardi pour une opération contre le trafic de drogue, pouvait donner l’impression que le journal donnait la parole à des trafiquants.

Aurélien Viers était présent lundi devant le journal. « J’ai obtenu des garanties suffisamment fortes dimanche pour revenir au travail et me dire que je pouvais travailler avec la rédaction en toute indépendance éditoriale, sans pression », a-t-il déclaré.

Concernant la Une il a expliqué : « Il y eu une erreur dans le fait d’écrire une citation sans savoir qui est l’auteur, il y a une ambiguïté (…) donc je pense qu’on peut reconnaître ça. C’est pas grave, on fait 364 unes dans l’année, il peut y avoir des erreurs de commises ».

« On n’est pas une rédaction qui a une culture sociale hyper développée, mais par contre sur les valeurs, on ne veut pas transiger », avait expliqué Sylvain Pignol, élu SNJ au CSE, durant le rassemblement, en indiquant qu’avant 2023, le quotidien régional n’avait « connu dans son histoire qu’un seul jour de grève ».

La Une sur la visite d’Emmanuel Macron « n’avait rien de scandaleux, était parfaitement intègre sur le plan déontologique », a affirmé Sylvain Pignol.

Rodolphe Saadé et les syndicats

La Provence est détenu par l’armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille. Après avoir repris le groupe La Provence en 2022, Rodolphe Saadé a pris une participation dans M6, racheté La Tribune et annoncé la semaine dernière le rachat d’Altice Media, maison mère de BFMTV notamment.

S’ils se sont « félicités de la réintégration du directeur de la rédaction de La Provence », les sociétés des journalistes de BFMTV et RMC, ainsi que les syndicats d’Altice Media (SNJ, CGT et SNME-CFDT) ont estimé dimanche dans un communiqué qu’en « intervenant directement auprès du directeur de la publication, l’actionnaire a franchi une ligne rouge » et se disent « prêts à se mobiliser » si « l’indépendance des rédactions et la liberté éditoriales » étaient à nouveau menacées.

La Tribune qui a annoncé le principe d’une grève ce mardi, ne s’est pas prononcée.

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