|

Nue propriété

Nue propriété
Beau volume vu par Midjourney (IA)

L’édito de The Media Leader Dimanche du 8 décembre 2024

Ce matin, j’avais du courrier dans ma boîte aux lettres. Grande nouvelle n’est-ce pas ? Comme le mien votre serveur de messagerie doit crouler sous les offres pour le Black Friday, lequel a enterré le 21 juin pour le titre de jour le plus long de l’année. Mais aujourd’hui, c’est de la boîte en métal accrochée à la grille du jardin dont je vous parle. Elle était bourrée de papier. Pas trop de mauvaises nouvelles pour une fois, mais un énorme magazine. Il arrive de temps à autre que quelques éditeurs fidèles me fassent suivre leur production que je lis souvent avec plaisir. Je reçois également tous les deux mois l’incroyable magazine « Christophorus », réservé aux propriétaires de Porsche, dont je ne suis pas, héritage de mon passé d’essayeur auto. J’ai d’ailleurs cru un instant qu’il s’agissait d’un numéro spécial de ce journal car la quatrième de couverture était ornée d’un véhicule de cette marque. Mais non, il s’agissait du catalogue d’une agence immobilière. Il était accompagné d’une enveloppe sur laquelle était écrit à la main : « Pour le propriétaire ». Je l’ai donc ouverte pour découvrir le message d’une jeune femme m’informant de ses compétences pour vendre, acheter ou louer tout bien immobilier « de prestige ». Parce que quand tu feuillettes le monument de papier, il faut reconnaître qu’il n’y a que du beau, du cher, du luxe. De Paris à New York, c’est un étalage de biens d’exception offrant de beaux volumes baignés de lumière, de triples livings traversants et de balcons filants sur des vues imprenables. Rendra-t-on un jour justice à la poésie immobilière ?

À poil

J’ai feuilleté cet objet avec une curiosité gourmande et d’autant plus de détachement que les prix rendaient chimériques tout espoir de concrétisation. J’ai donc fini par lâcher ce que j’ai improprement appelé un catalogue. Car une bonne centaine de pages de rubriques d’art de vivre telle qu’on en trouve dans la presse haut de gamme enveloppent la partie purement commerciale. Difficile de trouver un nom exact pour qualifier ce produit : un « matalogue », peut-être ? La combinaison d’un magazine et d’un catalogue au même titre qu’un mook est celle d’un magazine et d’un livre. Je prends cet exemple car j’en ai reçu un récemment. Il s’appelle « Walp ». Drôle de nom. C’est en fait la phonétique d’à poil en verlan (essayez à voix haute, vous comprendrez). Ce qui s’explique par le fait que ce sont les créateurs de Nus et Culottés, l’émission de France Télévisions, qui en sont à l’origine. Autant dire que c’est l’exact opposé du prétentieux pavé immobilier susmentionné. On y trouve des balades, des découvertes et surtout des rencontres pour ce qui est une invitation à la simplicité. Tout cela est mis en scène dans une maquette faussement foutraque. Ça se veut buissonnier et ouvert. Avec une certaine réussite. Walp a été lancé avec une campagne Ulule, en cohérence avec cette initiative. Mais le journal est quand même édité par le groupe Bayard. Lequel sait prendre des risques et reconnaître ses erreurs. Ce qui est rare ces derniers temps.

La newsletter

Toute l'actualité des médias et de la publicité chaque jour

S'inscrire gratuitement
Newsletter
Adwanted Inscription