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Public ID

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Badges ou pas ?

LE CAFE DE MEDIAFREDO. Quand on est accrédité aux Cannes Lions, on obtient un badge qui permet d’entrer dans la zone du Palais (qui s’étend chaque année), non sans avoir passé de stricts contrôles de sécurité. C’est aussi, et peut-être surtout, un signe de reconnaissance. Le long de la Croisette, il y a ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas. Le badge en question est plutôt une affichette d’une dizaine de centimètres de haut sur cinq de large. Les Lions étant anglophones, le prénom est écrit plus gros que le nom de famille, le tout étant orné de l’inévitable photo d’identité. Autant dire qu’ainsi décoré, il est impossible de passer incognito, y compris du marchand de glaces ou de la police municipale. Dans ces circonstances, mon étiquette personnelle m’interdit (elle est particulièrement exigeante) de m’afficher ainsi. Lorsque je suis dans la rue, je retourne donc le badge sur le verso exposant ainsi un sponsor qui se trouve être le réseau que j’alimente quotidiennement. Je préfère faire sa pub plutôt que d’exposer mon ID. Il s’agit d’une forme d’application du RGPD dans la vraie vie. Je ne suis pas particulièrement paranoïaque, j’accepte sans broncher les cookies, je me fiche que Google sache ce que je recherche sur internet, mais de là à afficher mon nom sur la poitrine, il y a un grand pas. Aucune modestie donc dans cette attitude, en dépit du fait que je sois né le jour de la Saint Modeste. D’autant que cette semaine des Lions est pour moi un instant warholien.

Rougir dans la nuit

Ainsi, regagnant mon calme et vieux quartier du Suquet après une soirée sur de bruyantes plages, je fus interpellé par un monsieur qui poliment, me demanda si j’étais bien Frédéric Roy ce que je fus obligé d’admettre, alors que mon badge était au fond de ma poche. C’était un producteur qui me félicita pour l’ensemble de mon œuvre (comme on dit au Festival du Cinéma local). De quoi me faire rougir dans la nuit. Je ne peux pas cacher que cela fait plaisir d’être ainsi reconnu, d’autant que la scène s’est reproduite ce matin avec un festivalier tunisien. Qu’ils en soient remerciés du plus profond du cœur. Moi qui ai toujours eu une relation ambigüe avec cette ville qui peut se montrer aussi belle qu’affreuse (et pas seulement architecturalement) selon la manière dont on la regarde, ce genre de rencontre me réconcilie avec elle. Tant qu’elle restera la capitale mondiale de la publicité, le temps d’une semaine de juin.

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