LE CAFÉ DE MEDIAFREDO. Cannes est une ville bruyante. En raison des travaux, dont je vous ai déjà parlé mais pas seulement. Les rues étroites du centre-ville sont embouteillées jour et nuit, les terrasses sont bondées et lorsque les clients sont américains, ce n’est plus une rumeur, mais un brouhaha qui en émane. Quant aux plages, elles accueillent des sound systems chaque année plus importante pour surmonter le son des voisins. Résultat, les battements des basses font vibrer tout le quartier et je ne peux m’empêcher de penser aux cannois qui doivent prendre leur mal en patience en faisant une consommation massive de bouchons d’oreilles. A moins qu’habitués au barouf de la cité, ils n’y fassent pas plus attention qu’au son d’une Ferrari ayant enfin cent mètres sans embouteillage devant elle pour exprimer son moteur. Et puis le vendredi matin, les sons changent de nature. Le grondement des roulettes des valises est rythmé par le revêtement particulièrement granuleux des trottoirs. Il est couvert par le vacarme du démontage des hospitalités. Les châteaux éphémères laissent apparaître leurs structures tubulaires, les grues et autres engins s’activent et ajoutent leur diesel au concert ambiant.
Lunettes noires
Insensibles à cet environnement, peut-être rendus sourds par les musiques de la nuit, des festivaliers bayant aux corneilles, leurs yeux probablement rougis cachés par des lunettes noires, trottent vers la gare ou autre station de taxi. On croise quelques derniers amis encore sur place. Comme chaque année, on se promet de se revoir à Paris pour un café, ou au pire l’année prochaine au même endroit. Certains cependant ont encore leur fameux badge autour du cou. C’est que la fête n’est pas encore complètement terminée. Ce soir, une dernière cérémonie clôturera définitivement l’édition 2024 avant une closing party en forme de bouquet final. Mais on reviendra, bien sûr. « La petite mère a des griffes, elle ne nous lâchera pas », écrivait Kafka à propos de Prague. A Cannes, ce sont les Lions qui ont une grande gueule. Et tout le monde veut s’y jeter.
