Le bout du funnel

Depuis The Media Leader Café à Cannes,

LE CAFÉ DE MÉDIA FREDO. Je suis à peu près sûr de ne jamais vous avoir dit que j’aimais les locomotives à vapeur. Ce n’est pas une passion, juste une admiration devant ses machines fumantes et sifflantes, couvertes de tuyaux, de bielles et autres pièces en mouvement. Et c’est ainsi que lorsque l’une d’entre elles apparaît dans un fil d’info, je like. Bêtement. Parce qu’en réalité, tout le monde s’en fiche, à commencer par vous. Le seul qui s’intéresse à cette fumeuse inclinaison, c’est le réseau social qui me propose ces images. Et naturellement, comme j’ai déclaré ma flamme, il me sert et ressert des photos, films et pubs sur ce sujet. Au point d’en faire une indigestion. C’est un peu comme la truffe, c’est délicieux à petite dose mais ça peut rapidement devenir écœurant. Je vous écris ces mots parce que je suis dans un train. Non, pas à vapeur mais dans un TGV affrété par la filiale low cost de la compagnie ferroviaire nationale. Une marque au nom positif et aux wagons décorés de couleurs flashy supposées plaire à la jeune clientèle désargentée qui est au cœur de la cible. Autant dire que je suis à l’extrême périphérie de celle-ci, ce qui explique probablement pourquoi l’association du bleu canard avec le rose fluo me fait à ce point mal aux yeux.

Cela ne m’a jamais empêché d’apprécier et même de primer en tant que membre de jury, les campagnes de cette marque dont la construction doit beaucoup à son agence publicitaire. Et peut-être un peu moins à celle chargée du design (mais c’est un senior qui le dit). Tout cela est bel et beau, enfin si on peut dire, mais encore faut-il tenir la promesse d’un bout à l’autre du funnel. Et quand la première prise de parole de l’agent d’accueil consiste à t’informer que, non seulement il n’y a aucun service de restauration (ça on le savait) mais qu’en plus si tu n’as pas déposé ta valise au bon endroit, tu es passible d’une indemnité forfaitaire d’un montant conséquent, tu te demandes si tu es le client d’une marque trendy ou un usager des chemins de fer du siècle dernier. Ceux de l’époque des belles locos, des wagons restaurants et des contrôleurs tatillons. Et ça, j’aime moins. Mais ce n’est pas une agence qui peut l’apprendre à l’annonceur, c’est juste du bon sens. Je vous laisse, le train arrive en gare de Cannes.

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