Le tour du bocal
Voici l’édito du dimanche 20 octobre 2024.
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Et si on parlait du temps ? Pas de celui qu’il fait, de celui qui passe. Dans un cas comme dans l’autre, on peut légitimement considérer qu’il n’y a pas de quoi se réjouir ces jours-ci, mais autant dans le premier, ça finira bien par s’arranger, autant dans le deuxième, il est à craindre que l’écoulement ne cesse de sitôt. Et si je vous entretiens de ce sujet, c’est que cette semaine, je me suis rendu par une belle matinée – avant le déluge donc — à une conférence organisée par l’excellent média dont vous êtes en train de lire la newsletter dominicale. J’y assistais en spectateur dans une salle remplie de gens sérieux et attentifs venus se cultiver sur le thème de la connected TV. Une nouvelle réalité du paysage média et l’une des questions qui étaient débattues au cours de cette matinée portait sur l’impact de ces nouveaux usages sur l’attention des téléspectateurs. À cette occasion est ressortie une fameuse donnée selon laquelle, la capacité de concentration moyenne des millennials et des générations suivantes sur des contenus vidéos était légèrement inférieure à celle d’un poisson rouge. Celui-ci, dit-on, ne peut fixer son attention au-delà de 8 secondes.
Flash-Back
Avant de débattre de la nature inquiétante de cette information, je voudrais quand même que l’on s’interroge quelques instants – je sais, c’est très long – sur ces pauvres créatures. Car il me semble que l’on mesure leur attention au temps qu’ils prennent à fixer leur regard au-delà du bocal. Mais que sait-on au fond de la réelle implication mentale de l’animal, une fois qu’il a repris sa ronde ? Peut-être continue-t-il à penser à ce qu’il vient de voir. Avant de revenir pour vérifier qu’il a bien vu. En est-il de même avec nos jeunes générations ? Vaste question à laquelle je n’ai pas de réponse mais qui m’a renvoyé dans le passé. L’une des premières conférences à laquelle j’ai assisté en tant que journalistes média était consacrée à une étude qui faisait référence à l’époque – le siècle précédent avait encore une vingtaine d’années à vivre — que l’on appelait « Budget Temps ». Il s’agissait de mesurer le temps que voulaient bien consacrer les citoyens à leur travail, leur loisir et naturellement à la consommation des différents médias. Laquelle s’affligeait-on, était désespérément insuffisante. J’ai bien entendu oublié les détails de cette enquête mais je me souviens très bien que le marché s’était écharpé sur les données. Chaque acteur se trouvait maltraité dans les résultats tant et si bien que l’étude ne fut plus reconduite. Ce petit flash-back mental, n’a en rien distrait mon attention. Au contraire. Il m’a permis de remettre en perspectives les débats que je suivais. Un peu comme un poisson rouge comparant les différents points de vue de son bocal.
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Je roule trop vite. Pas toujours mais souvent et surtout quand je suis à moto. En voiture aucun problème, j’ai le temps de réfléchir au sens de la vie et à toutes autres sortes de questions aussi profondes dans les embouteillages. Mais rassurez-vous, je n’ai nulle intention de vous entreprendre de la pertinence de la réduction de la vitesse sur le périphérique parisien. Non, ce qui me préoccupe...
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