Sa Majesté Senior
Voici l’édito du dimanche 15 septembre 2024.
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Mais qu’apprends-je en lisant ce matin un article d’un quotidien du soir de référence ? Que la France est « un pays où les seniors sont roi ». Ainsi je serais couronné, non seulement grâce à mon nom mais aussi du fait de mon âge. Enfin ! Depuis mon entrée à la maternelle, il n’est quasiment pas un instituteur, un prof ou un enseignant de quelque nature que ce soit – moniteur d’auto-école, de natation ou autre — qui n’ait à un moment ou à un autre fait une allusion à la majesté de mon patronyme. Ce qui, au fil du temps déclenchait un sourire de plus en plus jaune, d’autant que dans la plupart des cas, je savais que la suite des événements allait démentir les termes de ce jeu de mots aussi paresseux que moi. Je ne vais pas prétendre que j’en ai souffert pour me faire plaindre, mais disons que dès la primaire, je m’en étais lassé, signe d’une grande précocité, vous en conviendrez (allez, soyez sympa, convenez-en !). Mais voici donc que le temps ayant fait son œuvre, cette plaisanterie est désormais une affaire sérieuse. D’ailleurs l’article du Monde le démontre avec la rigueur qui le caractérise en précisant qu’au 1er janvier 2024, « plus d’un habitant sur cinq, soit 14,7 millions de personnes, avait plus de 65 ans ». Je pourrais m’en gausser puisque je n’ai passé cette barre que deux mois plus tard. Mais ne chipotons pas. D’autant qu’aux alentours de 2070, ces mêmes seniors représenteront « 29 % de la population, contre moins de 13 % en 1970 ». En dépit de mon grand optimisme, il n’y a aucune chance que je sois encore là pour le vérifier. Mais je ne doute pas un instant de ces prévisions en ayant été instruit de longue date par mon ami Serge Guerin, grand spécialiste de l’âge depuis sa jeunesse, auteur de nombreux ouvrages sur la question. Justement, quel est le problème ? D’après le même article, il réside dans le fait qu’un pays plus vieux génère moins de croissance car la consommation tend à décroître avec l’âge tandis que l’épargne augmente.
Haut de gamme
Ayant été un lamentable étudiant en économie, je ne vais pas débattre de la pertinence de ces conclusions. Je me permets cependant une remarque en tant qu’observateur relativement expérimenté du secteur des médias, de la communication et du marketing. Il semble en effet qu’à défaut d’impulser la nouveauté, les citoyens âgés ont quelques atouts en matière de consommation, dont un fondamental qui est la disponibilité de leur argent dès lors qu’ils ne le consacrent plus à l’éducation de leurs enfants ou au remboursement de leurs emprunts. J’ai ainsi souvent entendu dans la bouche des constructeurs automobiles que leur clientèle était loin d’être aussi juvénile que leur pub le laissait croire. Et ce d’autant plus que l’on montait en gamme. Mais comme pour démentir immédiatement ce propos, j’ai vu hier à quelques heures d’écart, deux Bentley flambant neuves, conduites par de fringants jeunes hommes tout à fait à la mode. La scène se passait autour du Parc des Princes et je ne sais si ces heureux conducteurs étaient des footballeurs. Ou simplement des types qui passaient par là juste pour démolir toute ma théorie. Mais ça, c’est du complotisme. Et ainsi que nous le constatons de l’autre côté de l’Atlantique, la sagesse de l’âge ne nous en préserve pas.
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Je roule trop vite. Pas toujours mais souvent et surtout quand je suis à moto. En voiture aucun problème, j’ai le temps de réfléchir au sens de la vie et à toutes autres sortes de questions aussi profondes dans les embouteillages. Mais rassurez-vous, je n’ai nulle intention de vous entreprendre de la pertinence de la réduction de la vitesse sur le périphérique parisien. Non, ce qui me préoccupe...
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